1. Différence des sexes, procréation et fin de vie

Pourquoi un séminaire sur l’évolution des mœurs ?

La République implique une conception de l’homme et de la citoyenneté basée sur l’autonomie de jugement et la capacité de se décentrer, de dépasser ses propres intérêts particuliers pour prendre en compte l’intérêt général, se penser comme membre d’une collectivité démocratique, ayant une histoire propre impliquant droits et devoirs. Cette conception fixe des principes essentiels pour débattre et agir ; elle garde un caractère d’idéalité qui ne coïncide jamais complètement avec les faits. Aussi importe-t-il de mieux cerner la façon dont nombre d’évolutions sociétales paraissent la remettre en question aujourd’hui. Depuis sa création, Politique Autrement a accordé une attention soutenue à cette dimension : « La culture n’est pas pour nous une superstructure ou un supplément d’âme à la sphère politique, économique et sociale. Les difficultés que traverse notre société condensent une crise de l’idée de l’homme et de la vie en société. C’est en portant aussi le débat sur ce plan qu’on peut donner figure humaine à une société et un monde en plein bouleversement » (Nos orientations). 
Dans cette optique, Politique Autrement entame un séminaire de plusieurs années portant sur les évolutions de l’abord de la condition humaine, de la vie individuelle et collective dans les sociétés développées. Seront abordés les changements qui, dans ce domaine, ont particulièrement marqué les quarante dernières années : nouvelles conditions de la procréation, famille et la filiation, nouveau statut de l’enfance et de l’adolescence, abord de l’agressivité et de la violence, rapport à la mort…, mais aussi l’érosion des anciens cadres de pensée dans l’abord de ces questions : développement de l’interprétation psychologisante, recomposition et nouvelles formes de religiosité en Europe…

Objectifs et modalités du séminaire

Le séminaire 2007-2008 est centré autour de trois grandes questions : la différence et les rapports entre les sexes ; les nouvelles conditions et possibilités de la procréation ; la fin de vie et le rapport à la mort. Notre approche n’est pas de type universitaire. 
Ce séminaire ne prétend pas être exhaustif, recenser l’ensemble des auteurs ayant abordé ces questions. Il s’agit dans un esprit d’éducation populaire d’une première approche visant à aider à la formation d’une citoyenneté éclairée sur ces questions difficiles : 

  • en fournissant des éléments structurés de connaissances pluridisciplinaires sur la situation présente en dehors des nombreux clichés existant sur ces questions, 
  •  en permettant un premier recul réflexif par l’étude et la discussion de textes fondamentaux (philosophiques, anthropologiques et historiques).

La réflexion et la discussion sur l’évolution des mœurs ne peuvent échapper à une réflexion d’ordre philosophique et éthique. Nous ne prétendons pas satisfaire toutes les orientations et les choix personnels. Les textes fondamentaux à débattre en séance sont volontairement limités à 2 ou 3. Ces textes engagent une conception particulière. Choisis en fonction de leur qualité intellectuelle, ils doivent permettre d’ouvrir une réflexion et une discussion argumentée. 

Pour chaque thème abordé, il sera remis à chaque participant un dossier comportant de nombreuses références de textes. Un temps de lecture individuelle est donc nécessaire avant chaque séance. Le séminaire alternera des séances consacrées à l’étude, à la discussion sur les textes fondamentaux fournis antérieurement, avec des petits exposés de cadrage, des notes de lecture, et des séances de rencontre et de débat avec un nombre limité d’intellectuels ayant réfléchi aux questions abordées.

PROGRAMME -SÉANCES

Samedi 10 novembre : La différence entre les sexes et les rapports hommes-femmes dans les sociétés traditionnelles et dans la démocratie moderne
Cette première séance propose une première réflexion et discussion sur l’importance de la différence homme-femme dans les sociétés et sur les évolutions du rapport à la sexualité dans la société moderne, à partir de l’étude et de la discussion des textes de l’anthropologue Margaret Mead et du philosophe Paul Ricœur. Les interprétations développées par ces auteurs seront mises en perspective avec les évolutions des mœurs.

Samedi 8 décembre : Dans une société marquée par le libéralisme sexuel et la banalisation de la pornographie, le développement du féminisme et le malaise du masculin, la vie sentimentale peut-elle se passer de morale ? La galanterie est-elle devenue une lubie passéiste ? avec Claude Habibauteur de Galanterie française, édit. Gallimard (2006) et de Le consentement amoureux, édit. Hachette/Littératures (1998).

Samedi 2 février : Nouvelles conditions de procréation et problèmes éthiques.
Cette séance partira des possibilités nouvelles de la science et de la technique en matière de procréation pour s’interroger sur leur portée du point de vue de la conception de la condition humaine. Sur ces bases, elles se propose d’ouvrir une première réflexion sur les problèmes éthiques. Cette réflexion et ce débat partiront des textes de Jacques Testart, biologiste et de France Quéré (1936-1995) ancien membre du Comité national d’éthique. Dans un second temps, cette séance reviendra sur les débats concernant la contraception et l’avortement, débats qui ont marqué le vote de la loi Veil en 1975, en s’interrogeant sur les évolutions existant depuis cette période et la réalité des pratiques.

Samedi 15 mars : Le recul de la mort et l’avènement de l’enfant du désir, aux origines de l’individualisme moderne, avec Paul Yonnet, sociologue, auteur de Le recul de la mort. L’avènement de l’individu contemporain, édit. Gallimard, 2006. 

  • Quels bouleversements ont entraînés les nouvelles conditions de la procréation et de la naissance, l’allongement de la durée de vie dans la conception de la famille et de l’individu ? 
  •  Quelles nouvelles étapes possibles du développement des connaissances et des techniques de reproduction ? 
  •  Quelles conséquences possibles sur la conception de l’humain ?

Samedi 12 avril : Le rapport à la mort et la question de la fin de vie dans les sociétés modernes 
Cette réflexion partira des textes de l’historien Philippe Ariès sur les évolutions historiques du rapport à la mort dans l’Occident et des réflexions du philosophe Paul Ricœur sur le mourir et l’agonie du mourant. Dans un second temps, Claude de La Genardière, psychanalyste, nous parlera de son expérience d’intervenante auprès des équipes soignantes en soins palliatifs. Le travail sur les peurs partagées par chaque partenaire de l’accompagnement et du soin à l’hôpital témoigne des orientations actuelles du rapport de notre société à la mort.