« Disons les mots. Le modernisme est, le modernisme consiste à ne pas croire ce que l’on croit. La liberté consiste à croire ce que l’on croit et à admettre, (au fond, à exiger), que le voisin aussi croie ce qu’il croit. 
Le modernisme consiste à ne pas croire soi-même pour ne pas léser l’adversaire qui ne croit pas non plus. C’est un système de déclinaison mutuelle. La liberté consiste à croire. Et à admettre, et à croire que l’adversaire croit. 
Le modernisme est un système de complaisance. La liberté est un système de déférence.
Le modernisme est un système de politesse. La liberté est un système de respect.
Il ne faudrait pas dire de grands mots, mais enfin le modernisme est un système de lâcheté. La liberté est un système de courage.
Le modernisme est la vertu des gens du monde. La liberté est la vertu du pauvre. » Charles PÉGUY, « L’Argent », Oeuvres en proses complètes, t. III, Gallimard, collect. La Pléiade , Paris, 1992, p. 821.
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