« Considéré au pied de la lettre, le principe de précaution n’implique pas seulement que l’on écarte de quelconques risques jugés possibles ou que l’on répare les dommages lorsqu’une catastrophe est arrivée, mais d’abord que l’on travaille à empêcher toute possibilité de risque, même lorsqu’il n’existe aucune preuve “scientifique” de lien causal entre telle source supposée de risque et tel dommage éventuel. Même s’ils se défend d’être un principe d’abstention et se déguise en principe d’action, affirmant qu’il exige que l’on agisse “pour d’autres raisons et selon d’autres critères que la connaissance précise des causes et des conséquences”, le principe de précaution ne peut dire de quels critères il s’agit. Ce qui revient à penser qu’il suffit de croire qu’un risque peut advenir, de tel ou tel côté, pour que l’on élimine, au moindre doute, ou sans même le début de l’ombre d’un doute, ses origines supposées. »
Philippe MURAY, « Précaution (principe de) », Le Débat, n° 115, mai-août 2001.
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