« L’utilité supérieure de l’université et une action efficace sont entièrement fonction de son apparente « inutilité ». Les écoles professionnelles et techniques sont fort utiles, tout le monde comprend ça ; les universités sont inutiles. Transformons les donc en un ersatz d’écoles professionnelles : telle est la mentalité qui menace aujourd’hui la survie de l’université. Les pressions exercées sur elle par ses principaux bailleurs de fonds pour qu’elle justifie son existence en termes quantitatifs et utilitaires sont probablement le plus redoutable facteur de corruption auquel elle doit maintenant faire face. Quand l’université cède à la tentation utilitariste, elle trahit sa vocation et vend son âme. Il y a plus de cinq cents ans, Érasme a défini en une phrase l’essence de l’entreprise humaniste : « On ne naît pas homme, on le devient (homo fit, non nascitur). L’université n’est pas une usine à fabriquer des diplômes, à la façon des usines de saucisses qui fabriquent des saucisses, c’est le lieu où une chance est donnée à des hommes de devenir ce qu’ils sont vraiment. » Simon LEYSLe Studio de l’inutilité, Flammmarion, 2012, p. 291

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