« Même lorsque les thérapeutes parlent de la nécessité de « l’amour » et de « la signification » ou du « sens », ils ne définissent ces notions qu’en termes de satisfaction des besoins affectifs du malade. Il leur vient à peine à l’esprit – étant donné la nature de l’acte thérapeutique, pourquoi y penseraient-ils ? – d’encourager le client à subordonner ses besoins et ses intérêts à ceux d’autrui, à quelqu’un, à quelque cause ou tradition extérieure à son cher moi. « L’amour », en tant que sacrifice de soi ou humilité, et la « signification » ou le « sens » en tant que soumission à une loyauté plus haute, voilà des sublimations qui apparaissent à la sensibilité thérapeutique comme une oppression intolérable, une offense au bon sens et un danger à la santé et au bien-être de l’individu. Libérer l’humanité de notions aussi attardées que l’amour et le devoir, telle est la mission des thérapies postfreudiennes, et particulièrement de leurs disciples et vulgarisateurs, pour qui santé mentale signifie suppression des inhibitions et gratification immédiate des pulsions. » Christopher LASCH, La culture du narcissisme, traduction de l’anglais par Michel L. Landa, Climats, 1979, p. 41.

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