« Nos contemporains ont banalisé le passé en l’identifiant à des styles de consommation surranés et à des modes dépassées. Ils s’irritent contre quiconque tente de l’utiliser comme mode de référence pour évaluer le présent ou discuter sérieusement des conditions de vie actuelles. Le dogme de la critique contemporaine veut que toute évocation de ce type soit considérée comme le signe d’une nostalgie passéiste. […] 
Croire que, d’une certaine manière, il était plus facile d’être heureux jadis, ne relève en rien de l’illusion sentimentale. Et cela n’implique pas non plus une vision rétrograde, ni une paralysie réactionnaire de la volonté politique. […] 
L’indifférence de notre culture envers ce qui nous a précédés – qui se mue facilement en refus ou en hostilité militante – constitue la preuve la plus flagrante de la faillite de cette culture. […] 
Le refus du passé, attitude superficiellement progressiste et optimiste, se révèle, à l’analyse, la manifestation du désespoir d’une société incapable de faire face à l’avenir. » Christopher LASCH, La culture du narcissisme, traduction de l’anglais par Michel L. Landa, Climats, 1979, p. 25 à 27.

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