« Face aux bouleversements de tous ordres que connaissent la société et le monde, il importe que chacun puisse développer une réflexion rigoureuse et libre, débattre des grandes questions qui déterminent le présent et l’avenir de notre société, en dehors des conformismes et de toute forme de “politiquement correct”.
Contre le repli sur les particularismes individuels, sociaux, culturels ou religieux, l’idéal de citoyenneté doit permettre le dépassement de nos différences et la participation de tous ou du plus grand nombre à la construction d’un monde commun, par la confrontation et le débat démocratique. Ceux-ci ne se confondent pas avec l’expression débridée de la subjectivité et des affects, mais impliquent des convictions sensées. En ce sens, citoyenneté, culture et formation personnelle sont inséparables. Sans éducation et formation, l’appel à la libre expression est démagogie.
La culture n’est pas pour nous une superstructure ou un supplément d’âme à la sphère économique et sociale. La culture entendue comme un univers de significations qui s’imprègnent dans des institutions et des œuvres, des paroles et des actes, est ce qui donne sens à la vie en société. C’est parce que la société et son évolution ne sont pas des réalités naturelles qu’elles doivent faire l’objet de questionnements et de débats. Les difficultés que traverse notre société ne proviennent pas d’une simple inadaptation aux évolutions, elles condensent une crise de l’idée de l’homme et de la vie commune en société. C’est en portant aussi le débat sur ce plan qu’on peut donner figure humaine à une société et un monde en plein bouleversement.
Dans l’étude et la formation, nous entendons donner la primauté à la rigueur, à la compréhension et à l’échange, en refusant les étiquettes et les jugements sommaires sur les auteurs et les œuvres. Dans le débat, nous voulons faire prévaloir une éthique de la discussion basée sur le respect des personnes et le développement des arguments contre l’invective et le sectarisme. Il s’agit de fournir les éléments nécessaires d’information et favoriser la confrontation argumentée, pour que chacun puisse, en toute liberté, se forger son propre point de vue ».

Extrait du texte de présentation : Face à la crise de la politique et de la culture, 1996

Sommaire de la lettre n°28-février 2003