Les attentats commis par les extrémistes islamistes en Israël sont injustifiables. Sharon a saisi l’occasion pour tenter de briser l’Autorité palestinienne et par là même en finir avec le processus prévu par les accords d’Oslo. Signés en 1993, ces accords ont abouti à une reconnaissance mutuelle entre Israël et l’OLP et engagé un processus de paix. Sharon n’a jamais caché son hostilité à ces accords.
Depuis les accords d’Oslo, les Palestiniens ont le sentiment que dix années de négociation n’ont abouti à rien. La question de la construction et de l’extension des colonies israéliennes de peuplement a constitué un sérieux obstacle à la paix. Arafat n’en a pas moins une responsabilité dans l’échec des négociations avant la venue de Sharon au pouvoir. Le premier ministre Barak avait alors fait des propositions nouvelles concernant le démantèlement des colonies et des avancées sur la question de Jérusalem. Arafat a maintenu l’exigence du « droit au retour » des réfugiés palestiniens, exigence vécue par les Israéliens comme une remise en cause de l’existence même de leur État, fondé à l’origine sur un transfert de populations.
Mais quoi qu’on puisse penser de Yasser Arafat, celui-ci dirige un mouvement qui a renoncé à détruire l’État d’Israël, a signé les accords d’Oslo et s’est engagé dans un processus de paix. C’est un interlocuteur légitime et reconnu internationalement. Ce qui n’est pas le cas du Hamas et du Jihad islamique qui s’opposent au processus de paix et pratiquent ouvertement des actions terroristes.
Sharon a provoqué une situation absurde, exigeant d’Arafat qu’il agisse contre le terrorisme, tout en le privant en même temps des moyens de le faire, en détruisant l’infrastructure et les symboles de l’Autorité palestinienne. C’est l’idée même de négociation avec ce qu’elle implique de compromis de part et d’autre qui est mise en question. Cette stratégie de rupture mène à la guerre. La politique de Sharon menée jusqu’au bout n’aboutit-elle pas à un sous-État palestinien fait de quelques enclaves sous la dépendance et l’autorité de l’État d’Israël ?Ce qui n’est pas sans rappeler la politique d’apartheid menée il n’y a pas si longtemps en Afrique du Sud.
La montée de deux extrémismes en Israël et en Palestine ne peut mener qu’à une guerre qui aboutit à l’impasse. La politique et la négociation doivent reprendre leurs droits. Les pressions internationales pourront-elles empêcher l’escalade ? L’Union européenne encore divisée lors du vote d’une résolution proposée par la France à l’ONU n’en n’a pas moins affirmé des positions claires face au soutien américain à Sharon dans une déclaration adoptée par les chefs d’État et de gouvernement des Quinze. Mais est-elle en mesure de jouer un rôle de poids dans ce conflit ?