Catherine Durandin et André Thiéblemont (*)

Regard sur l’armée d‘aujourd’hui et son devenir

Catherine Durandin

Je réfléchissais à un projet d’ouvrage d’histoire de longue durée sur le thème « Armée et Nation », je m’interrogeais sur le militaire et la société civile, sur ces gens dont on parle peu, sauf à l’occasion de funérailles nationales qui restent dans l’émotionnel et le spectaculaire, car nous avons une culture des grandes cérémonies. Survint alors le choc du violent accrochage du 18 août 2008 à Uzbin, dans la vallée de la Kapisa en Afghanistan : dix soldats français sont tués, vingt et un sont blessés. L’émotion relayée par les médias gagna l’opinion publique qui réagit de manière confuse. La société n’accepte pas la mort de jeunes hommes : ils sont trop jeunes pour mourir, sauf par accident de moto… Si un jeune soldat meurt, on soupçonne des failles sur le champ de bataille : insuffisance du renseignement, du commandement, de l’équipement ? Il n’est pas possible de mourir à vingt ans à la guerre ; la notion de guerre n’est pas comprise, pas plus que n’est connue ou reconnue la spécificité du métier de soldat avec ce risque de recevoir et aussi de donner la mort.
Le pouvoir politique offre à ces soldats des funérailles à l’Hôtel national des Invalides : respect, honneur et compassion, tout est mélangé. En dépit de l’honneur, bientôt les proches et parents de quelques-uns des soldats tombés vont porter plainte contre X pour mise en danger délibérée de la vie d’autrui lors de l’opération militaire contre les talibans.
C’est cette confusion entre l’espace civil et militaire, la douleur privée et le deuil collectif qui m’ont poussée à réfléchir et enquêter sur « La mort du soldat et la guerre continue », titre premier que je prévoyais pour mon livre, devenu contre mon gré, « Le déclin de l’armée française ». Ce déclin n’est pas spécifique à l’armée. La crise touche l’armée tout comme la société, la République, la Nation.

La mort du soldat

Avec cette notion de « mort du soldat », il faut comprendre, d’une part, notre inconfortable relation à la mort, et, d’autre part, la réalité de la guerre qui ne se joue nulle part comme une guerre avec « zéro mort ». La guerre continue, parce que les années qui ont suivi la fin de la Guerre froide ont vu le retour des guerres asymétriques et classiques à la fois, des guerres de terrain : des Balkans dès 1991, à l’Afghanistan, à la Lybie, au Mali aujourd’hui ou encore au Centre Afrique.
Les opérations se déroulent alors que, depuis la suspension du service national en 1996, les soldats, engagés volontaires, sont méconnus, oubliés, ignorés. Ils sont sortis du paysage, sauf à défiler le 14 juillet en bon ordre. Rares sont les citoyens informés des statuts, des modes de vie, des soldes et des retards de longue durée dans leur versement, des bonheurs et/ou des frustrations de ces citoyens-là, envoyés en Opérations extérieures (Opex). Très rares sont les citoyens qui se préoccupent du suivi et de l’avenir des blessés, des familles secouées par la présence de stress post-traumatique chez l’un des leurs.
Paradoxalement, l’armée est appréciée de loin. Elle est extrêmement populaire dans les sondages (avec 80% d’opinion favorable), bien avant la police et la justice. On aime bien l’armée française : on visite les Invalides, on apprécie le 14 juillet…
L’isolement de la société militaire est renforcé depuis 2008 par la mise en place d’une restructuration du paysage militaire français qui regroupe, en des bases de défense élargies, les éléments des trois armées dont certains moyens sont mutualisés. Ces bases, plus volumineuses, sont moins nombreuses : les autorités estiment que la taille optimale serait de 3 000 personnes et plus. La caserne disparaît peu à peu du paysage. Efficacité ? À terme peut-être… Mais aujourd’hui, pour l’armée de Terre en particulier, les dysfonctionnements sont nombreux. L’état-major s’efforce de les prendre en charge.
C’est aussi l’expression d’une réduction drastique des effectifs et du gel des budgets dits « sanctuarisés », au fil des deux derniers livres blancs de la Défense de 2008 et d’avril 2013 qui sont supposés définir un concept de défense et de sécurité nationales et tracer les grandes lignes des lois de programmation militaire. Or les ambitions sont très larges. En ce sens, le langage des Livres blancs français rejoint celui des conclusions des derniers sommets de l’Otan, à Lisbonne et à Chicago. L’éventail des menaces listées s’ouvre de plus en plus tandis que les moyens pour faire face à ces défis se réduisent. Les priorités stratégiques sont ainsi déclinées :

  • protéger le territoire national et les ressortissants français et garantir la continuité des fonctions essentielles de la nation,
  • garantir avec nos partenaires et alliés la sécurité de l’Europe et l’espace nord-atlantique,
  • stabiliser avec nos partenaires et nos alliés les approches de l’Europe,
  • participer à la stabilité du Proche-Orient et du Golfe arabo-persique,
  • contribuer à la paix dans le monde.
    Chacune de ces priorités ouvre sur un vaste échantillon de missions en réponse à des défis qui vont, par exemple, pour le territoire national, des agressions terroristes aux « cybermenaces », sans oublier les catastrophes naturelles…
    Le panorama est stimulant, la réalité des moyens affectés aux tâches, décevante. Les alertes venues tant de personnalités militaires que civiles se multiplient. Dans la loi de programmation militaire 2014-2019, la part de la défense dans la dépense publique est très faible (3,2%). La loi de programmation militaire prévoit un gel budgétaire qui se traduira dès 2014 par une diminution égale au montant de l’inflation (moins 1,3%). Les effectifs militaires seront réduits à 186 832 en 2019, les civils de la défense seront 55 447, soit 23% non projetables. L’encadrement est très faible…
    La baisse budgétaire résulte de trois choix : réduction du volume des militaires, maîtrise de la masse salariale et rééquilibrage des effectifs civils et militaires. Le plan de réduction des effectifs militaires portera sur 34 000 postes.
    Ces évolutions et ces mesures engendrent un climat de morosité et de frustration dans les armées. Elles posent la question du recrutement qui sera moins sélectif et de la non fidélisation des engagés, une fois bouclé le premier contrat de cinq ans.
    Qu’ils soient de droite ou de gauche, quelques officiers trouvent aujourd’hui l’audace de s’exprimer dans revue Inflexion et dans la revue Engagement de l’Association de Soutien de l’Armée Française (ASAF). Les blogs fleurissent qui en disent long sur la grogne de la base. Une grogne le plus souvent anonyme ; l’armée est supposée se taire. Peu de grands médias reprennent et font circuler ces informations. Faut-il voir là une sorte de prudence qui viserait à éviter l’inquiétude ? La France se gargarise de la notion de rayonnement, il serait mal venu de dévoiler les faiblesses de ce que l’on nomme désormais, de manière politiquement correcte, « l’outil militaire »…
    Comment peser diplomatiquement si, peu à peu et à un rythme qui s’accélère, cet outil militaire se dégrade ? On peut éventuellement compter sur des alliés avec l’idée qu’on peut être accompagné quand on prend des initiatives. Il est vrai qu’au Mali la France a bénéficié de l’appui, indispensable pour le transport, des Américains, des Canadiens,… sans lesquels il n’y aurait pas eu de projection. La population française oublie la dépendance de nos forces armées et n’est pas dérangée par la diminution du budget de la Défense nationale. Et l’Europe de la défense n’existe pas. Elle est oubliée et son grand échec a été de ne pas exister dans les guerres de Yougoslavie des années 1990. S’il y avait eu une intervention franco-allemande dès 1991, on n’aurait pas eu à faire appel à l’Otan en 1994 pour intervenir à deux heures de vol de Paris, en Europe…
    Il y eut des opérations success story en termes de compétences et de performances, notamment au Mali. Mais les effets de ces opérations, quand il s’agit de l’état des situations actuelles comme par exemple en Lybie, peuvent être débattus. Et jusqu’à quel point aurons nous les moyens de cette politique qui se veut politique de puissance ?
    Les moyens de nos armées déclinent : il est temps que les citoyens se posent les questions qui dérangent. Quels efforts pour quelle armée et quelle représentation de la sécurité ?
    Nous pouvons le déplorer mais force est de constater que les temps ne sont pas à la paix. La notion de guerre disparaît cependant du discours. On fait maintenant des opérations, des interventions mais pas la guerre. L’opinion demande la sécurité de façon confuse à Vigipirate, à la police, aux pompiers, aux gendarmes… On ne sait pas très bien où est l’échelle d’intervention pour une protection. Il serait irresponsable d’en rester à une position d’autruche, position confortable, mais infantile. La suspension du service national, l’absence d’un contrat citoyen engageant chaque jeune dans la réflexion et l’action en faveur de la sécurité dans un lien qui associe l’individu à la collectivité, sont regrettables.
    La logique des choix — déflation des effectifs et diminution des budgets — le non choix ou le tabou qui consiste à réafficher la fidélité au nucléaire souverain, ne risquent-ils pas de conduire à construire au coup par coup des opérations, des équipes de mercenaires, au fil de montages de coopération avec des alliés qui estimeront, eux aussi, que telle ou telle autre menace mérite d’être traitée ? Un pays qui délèguerait ainsi sa défense à des anonymes bien payés est voué à la schizophrénie. Est-il concevable qu’une nation abandonne toute volonté de connaître et de reconnaître ceux qui ont la charge de faire respecter sa sécurité et de protéger ses intérêts ?

La guerre au musée

Les grands moments de commémoration de la guerre de 1914-1918 peuvent mobiliser de larges fractions de l’opinion, mais ils ne remplaceront pas la dynamique de l’action. L’opinion a besoin d’émotion et de passion. Quoi de plus émouvant qu’une visite à Verdun face à ces alignements vertigineux de croix ? Quoi de plus passionnant que les mises en vitrine, lors de l’Exposition 1917 au centre Pompidou de Metz en 2012, des prothèses et des travaux chirurgicaux innovants pour la réparation des visages brisés par les obus ou les coupures à la baïonnette ?
En 2014, à l’initiative de l’État, cinq temps forts sont prévus à coup de campagnes d’affichages, dont celui de la mobilisation d’août 1914. Qui a eu cette idée aberrante de commencer les commémorations par Sarajevo en juin 2014 ? Nous plongeons dans le tourisme culturel de la guerre. La volonté pédagogique est honorable : se souvenir et, face à l’horreur, s’accrocher à un espoir et à une volonté de paix. Mais cette berceuse de paix ne résout rien, la guerre continue.
Avec la commémoration de la guerre de 1914-1918, on ne parle pas de guerre mais de paix et de réconciliation avec les Allemands. Or ces derniers, évidemment, ne célèbrent pas le 11 novembre de la même manière que nous. Nos grands alliés ne feront pas grand-chose… Et on évoque de Gaulle, la Résistance, les Justes…
Pour sortir de cette confusion historique, on nous occupe avec la vie quotidienne des poilus. Nous sommes appelés à envoyer les lettres et les photos de famille, les cuillères en bois pour les musées… Mais les poilus faisaient la guerre ; ils ont été honorés en tant que tels par les monuments aux morts dans chaque village. Et on va montrer aux enfants des écoles la vie quotidienne dans les tranchées… C’est bien mais ce n’est pas le tout de la guerre.
Il est bien vu aujourd’hui de s’intéresser aux six cent soldats fusillés. C’est un vrai problème, mais il ne faut pas non plus exagérer ce phénomène par rapport à l’ensemble de la guerre. Leur réhabilitation a été évoquée par Jospin, reprise par Sarkozy et sera traitée par Hollande. Tout le monde est d’accord pour leur faire une place. Mais ce n’est pas le centre de la guerre de 1914-1918. Personne ne traite l’histoire de la guerre du Vietnam en centrant l’attention sur les déserteurs américains partis au Canada…
Des historiens demandent qu’on en finisse avec l’histoire des batailles dans les programmes scolaires. Mais il faut bien enseigner aux élèves les avancées techniques, les plans et les lieux en France où s’est déroulée cette guerre. S’il n’y avait pas de batailles, que faisaient ces soldats dans leurs trous pendant quatre ans ?
Avec la guerre de 1914-1918, mes étudiants comprennent mal aujourd’hui l’attachement au fait national. Comment alors a-t-on pu mener cette guerre, avec ses souffrances et ses risques ? Je n’ose même pas parler de l’Alsace-Lorraine. Ils ne comprennent pas comment on en est arrivé à un million quatre cent mille morts pour régler ce problème. Mais à la fin du XX e siècle, en Yougoslavie, la guerre a fait deux cent mille morts…
Deux questions historiques sont à poser : l’engrenage de la guerre et l’après-guerre. Comment les Français sont-ils entrés en guerre en août 1914 ? Il devient difficile de comprendre non pas la violence de la guerre mais le processus d’adhésion à la cause qui fait que l’on ne déserte pas et que l’on accepte la discipline. Ce qui est en cause, c’est la mise en route de la déchirure qui fait que je me dois d’être de tel ou tel côté et que je peux mourir fusillé si je suis pacifiste. La solidarité avec les camarades n’explique pas tout. Il faut analyser l’engrenage et ce qui fédère les dispositions à mourir pour une cause. Je ne crois pas que les paysans soient partis en 1914 pour l’honneur mais pendant la guerre, sur place, ils avaient l’honneur du groupe. Aujourd’hui si l’on avait à vivre le choc qu’ont subi les Américains en septembre 2001, je suis persuadée que l’on aurait en France un sursaut national et qu’il y aurait une solidarité d’honneur.
Comment les anciens combattants ont-ils survécu dans les années 1920 et 1930 ? Aujourd’hui, on s’intéresse au post-traumatisme des soldats, mais ce n’était pas le cas dans les années 1920 où l’on ne suivait que les tuberculeux et les gazés.
On ne posera pas ces questions qui dérangent car il faut parler de la vie de tout le monde. Or la vie des combattants n’est précisément pas celle de tout le monde.

Vers le démantèlement de l’institution militaire
– André Thiéblemont

Depuis plus de quinze ans, l’Armée française subit une profonde mutation : subreptice, ignorée du grand public, elle n’a fait l’objet d’aucun débat. Touchant plus particulièrement l’armée de Terre, cette mutation transforme radicalement une organisation militaire séculaire. Il ne s’agit pas simplement d’une rétraction du budget de la défense nationale et de la réduction des effectifs ou des programmes d’armement qui en découle. Plus profondément, les déterminismes d’une économie de rareté à laquelle les armées sont contraintes conduisent à un démantèlement de l’institution militaire.
Sous la Ve République, tout se passe comme si l’édifice politique bâti par la III e République qui se voulait pérenne se déconstruisait. À ce titre, le cas militaire est peut-être exemplaire de ce qui se produit dans d’autres institutions publiques. Est-on à la fin d’une époque ?
Pour prendre la mesure du phénomène, je partirai de l’œuvre des Républicains à la fin du XIX e siècle pour évoquer la suspension du service national, puis la formidable mutation de l’organisation militaire, et tout particulièrement de l’armée de Terre, qu’a engendrée la course folle à des économies de fonctionnement depuis quinze ans.

L’armée médiatrice de l’idée républicaine

Aux lendemains de la défaite de 1870, de l’insurrection communarde et de la tentative de restauration de la monarchie par le comte de Chambord, les parlementaires républicains éprouvèrent la nécessité d’investir le militaire de fonctions éducatives, politiques et culturelles : l’armée devint une institution nationale.
Il ne s’agissait pas seulement de préparer la Grande Revanche. Face à un « sentiment de décadence » se combinant au triple choc de la défaite, de l’insurrection « des foules urbaines déracinées » et de la menace monarchique, les Républicains étaient à la recherche d’une « régénération de la relation sociale » et d’« une cohésion nationale à retrouver ». Le militaire devait en être l’un des instruments. Au début du XXe siècle, le choix du service militaire obligatoire sera alors conçu comme le moyen de « restaurer une discipline nationale » face aux périls intérieurs et extérieurs qui menacent la France.
À l’époque, la conscience de la puissance du feu conduisit des doctrinaires militaires à penser le combat non plus dans l’ordre serré des batailles napoléoniennes mais en ordre dispersé. D’où l’émergence d’une conception nouvelle d’un « combattant isolé » qui, comme l’observe Alain Ehrenberg, devait être tout à la fois « autonome et docile [1] » : il devait s’approprier le combat, être capable d’initiatives et, en même temps, être discipliné. Il s’agissait alors de former le combattant sur un double versant, individuel et collectif : lui inculquer, d’une part, la conscience de ses capacités individuelles et un esprit d’initiative, et, d’autre part, le soumettre à l’intérêt collectif (le groupe, la section, la compagnie…) Selon Alain Ehrenberg, cette conception de la formation du combattant constituait « un mécanisme éducatif étroitement lié au fonctionnement de la relation politique en démocratie [2] » Pour les doctrinaires militaires comme pour les républicains, l’éducation militaire devait être aussi l’éducation du citoyen, aux côtés de l’école et des sociétés patriotiques. C’est dans ce contexte idéologique que le chef de bataillon Lyautey écrira son fameux article sur le rôle social de l’officier [3].
Par ailleurs, pris en écharpe entre deux menaces intérieures, celle de foules urbaines brandissant le drapeau rouge et celle de campagnes plutôt acquises au drapeau blanc de la monarchie, les Républicains perçurent l’armée comme un médiateur entre la République et le peuple, tant, à cette époque, l’esthétique du soldat héroïque défendant son drapeau irriguait les foyers.
C’est à partir de là que se construisit une liturgie politique autour du régiment et de son drapeau dont la source est sans doute tout autant républicaine que militaire. La cérémonie du 14 juillet 1880 à Longchamp, au cours de laquelle Jules Grévy, Président de la nouvelle République, remit leur nouveau drapeau ou étendard aux régiments de l’armée française, constitua un ancrage fondateur du rituel républicain.
De multiples manières, que ce soit par la bataille, par ses fonctions sociales et culturelles ou au travers du symbole national dont la garde lui fut confiée, l’institution militaire travaillera l’imaginaire national durant un siècle en étant célébrée ou vilipendée, chantée et racontée y compris dans la dérision de sa vie de quartier ou dans la contestation des excès de sa discipline.

De l’institution à l’« outil » militaire

Peu ou prou, avec les excès et les travers qui ont été soulignés maintes fois, le service militaire a rempli les fonctions éducatives et sociales que lui avait dévolues la IIIème République.
Au début des années 1980, la ressource de la conscription étant supérieure aux besoins, l’armée pratiquait une sélection en conséquence. On lui a alors reproché de favoriser les inégalités en exemptant de service ceux qui avaient le plus besoin de ses ressources éducatives. Seize ans plus tard, en 1996, jugé inégalitaire, mal adapté aux évolutions des mentalités, sans autre utilité qu’y perdre son temps, le Service national est suspendu. On va « jeter le bébé avec l’eau du bain ». Pourtant, à l’époque, une grande majorité de Français était à la fois favorable à l’armée de métier et au maintien du Service national, en raison des fonctions sociales ou éducatives qu’il remplissait. Ses ressources éducatives étaient diverses et profitaient à des populations de jeunes quelque peu démunies. Outre l’apprentissage de la vie en collectivité dans une société qui devenait de plus en plus individualiste, le passage sous les drapeaux offrait de nombreuses possibilités d’insertion chez les jeunes en difficulté : cours d’alphabétisation, passage du certificat d’études primaires ou du permis de conduire, orientation et stages de formation professionnelle en fin de service [4]… Pour ces populations, le départ pour le service militaire, c’était la possibilité d’échapper « à la galère ».
Le Service national suspendu, la professionnalisation des Armées s’est accompagnée d’une redéfinition de leurs fonctions. La projection de forces hors du pays devient leur mission principale. L’armée de Terre notamment perd alors son rapport au territoire national ainsi que ses fonctions sociales et éducatives. Réduite pratiquement à la moitié de ses effectifs, elle vend ses casernes et ses emprises. Elle disparaît d’un paysage que les traces de ses œuvres tramaient depuis trois ou quatre siècles. Elle avait plus de deux cents vingt régiments avant la réforme, elle n’en avait plus que quatre-vingt-dix- huit en 2007, elle en aura quatre-vingt en 2014.
Dans le même temps où l’armée se professionnalise, elle entre dans une économie de rareté de plus en plus drastique. L’artifice des Livres blancs successifs masquera le fait qu’une logique comptable d’économie à tout prix est devenue le déterminant de la politique militaire de la France. L’armée n’est plus qu’un « outil ». On parle aujourd’hui couramment de l’« outil militaire », expression qui réduit le militaire à un technicien de la violence légitime. La sémantique n’est pas innocente.
Pour faire avec la rareté, l’armée de Terre se lance dans une « refondation » qui, discrètement et sans débat public, va rompre avec un modèle séculaire d’organisation pyramidale. En temps de paix, comme en temps de guerre, des divisions interarmes — regroupées en corps d’armée — étaient composées d’un nombre variable de régiments d’infanterie et de cavalerie selon leur vocation (divisions légères motorisées, blindées, de montagne…) que venaient renforcer des appuis (régiments d’artillerie et de génie) ou des soutiens (régiment de commandement et de soutien, de transmission…). Au niveau de la division, comme à celui du régiment, étaient intégrés des attributions, des pouvoirs et des moyens qui garantissaient l’autonomie d’action que requiert la manœuvre face à l’ennemi. Ces formations étaient qualifiées d’« organiques » : sous une direction unique et personnalisée, elles fédéraient et faisaient coopérer en permanence des organismes différenciés, de combat et d’appui, des services administratifs et techniques… Dans le cas d’un régiment, une « connaissance mutuelle » et une certaine fluidité des rapports et des articulations entre unités différentes résultaient de l’accoutumance à vivre et opérer ensemble dans le même espace-temps.
Tout cela n’allait pas sans frictions que l’unité de commandement et ce que l’on appelle dans l’armée « l’esprit de corps » permettaient de réguler. La solidarité était certes toujours à construire, mais elle était entretenue et renouvelée par le sentiment d’appartenir à « une petite patrie », par des expériences communes, par les récits souvent légendés des prouesses de tel ou tel personnage, grand ou petit chef, voire simple combattant. Toutefois, une telle organisation présentait l’inconvénient d’une redondance opérationnelle, administrative et logistique coûteuse.

« Organisation modulaire »

Au début des années 2 000, deux réorganisations radicales des forces armées font éclater cette organisation séculaire : l’« organisation modulaire » et la « mutualisation » des moyens administratifs et techniques.
Le passage à une organisation modulaire [5] articule plus ou moins l’armée de Terre en réservoirs de compétences, comme un immense Lego. Des « capacités » de commandement, d’aide au commandement (transmissions, moyens informatiques…), logistiques, hier intégrées dans des divisions, sont regroupés dans des « états-majors de force » ou des brigades spécialisées. Subsistent des brigades interarmes (mais sans moyens de commandement ou logistiques). Elles rassemblent des régiments par « métier » (brigades légères, mécanisées, blindées, de montagne…). Ceux-ci constituent des « réservoirs de modules » : compagnies, escadrons, batteries et même groupes et sections spécialisées. Ces éléments sont expédiés isolément pour une mission de courte durée aux quatre coins du monde en fonction des besoins d’actions extérieures (« forces de souveraineté » aux Antilles, à La Réunion, « forces de présence » en vertu notamment d’accords de défense en Afrique, au Proche-Orient…). En cas d’engagement dans une situation de crise (Côte d’Ivoire, Afghanistan, Mali), ces modules sont assemblés spécifiquement et temporairement pour constituer des « groupements tactiques interarmes » (GTIA), dont la manœuvre est conduite et soutenue dans le cadre d’une brigade par des états-majors et des moyens logistiques provenant de réservoirs de compétence (états-majors de force, brigades spécialisés) et rattachés à cette brigade au moment de son engagement.
L’un des arguments avancés pour légitimer cette nouvelle organisation fut la flexibilité et les réponses devant être apportées à des crises variées, ainsi que l’exigence de l’interarmes (infanterie, cavalerie, artillerie…) dans le combat terrestre contemporain. Or, d’une part, la composition des GTIA qui furent mis sur pied pour la Côte d’Ivoire, l’Afghanistan ou le Mali n’a guère varié [6], malgré la nature différente de ces trois situations de crise ou de guerre. D’autre part, l’organisation divisionnaire ancienne était déjà fondée sur le combat. Aujourd’hui, l’organisation modulaire des forces terrestres systématise ce qui se pratiquait de façon circonstancielle dans le passé au sein de divisions interarmes, sans réelle justification autre qu’une économie sur les effectifs et sur les coûts de fonctionnement.
En effet, le combat moderne exige de fait la combinaison des armes. Dans le passé récent, l’organisation divisionnaire a très souvent été modifiée au nom de cette exigence, jusqu’à la création de régiments interarmes. La mise sur pied circonstanciée et temporaire de « groupements tactiques » (qui n’avaient nul besoin d’être qualifiés d’« interarmes », car cela allait de soi) fut fréquente. Ces groupements combinaient infanterie, cavalerie, génie, artillerie jusqu’au niveau de la compagnie. Durant la Seconde Guerre mondiale, la division Leclerc fut ainsi réarticulée en groupements tactiques au cours de la campagne de France : groupements Louis Dio, Langlade, Rémy et Guillebon qui sera le premier, en 1944, à pénétrer dans Paris par Versailles.
Le régiment, tel que des générations l’ont connu, est donc maintenant une fiction. Il n’a plus d’expérience commune à tous ses membres ; il n’a plus d’histoire. Chaque unité d’un même régiment a maintenant sa propre histoire, sa propre expérience, différente de l’unité voisine. Jamais ou rarement, ces unités opèrent ensemble sous le commandement de leur chef de corps dans le même espace-temps.

« Mutualisation »

La deuxième réforme consiste en la mutualisation interarmées des moyens administratifs et techniques. Il existait déjà des pratiques « interarmées » : essentiellement opérationnelles, elles respectaient le socle culturel et spécifique propre à chaque armée. S’y ajoute désormais une mutualisation administrative imposée systématiquement à la suite de la révision générale des politiques publiques (RGPP). Celle-ci a concerné tous les secteurs de l’action publique et a entraîné une mutualisation rapide des moyens administratifs et techniques de « soutien » [7] des formations militaires regroupées dans des bases de défense interarmées [8].
Cette mutualisation administrative traduit d’abord une séparation entre la direction de l’entreprise militaire et ses soutiens administratifs et techniques. De ce point de vue, un récent rapport du Sénat exprime un certain désarroi : « Les témoignages sont unanimes : cette réforme a bouleversé des modes de fonctionnement profondément ancrés dans la culture des trois armées et des services. Bien plus que la professionnalisation des armées, elle a entraîné une réelle perte de repères avec la disparition de tous les anciens référentiels et modes de fonctionnement, parfois séculaires. [9] »
L’armée de Terre est la plus touchée par ce processus de mutualisation. Depuis la fin du XIXème siècle, les formations de l’armée de Terre étaient relativement autonomes et leur commandement avait sous la main les services ou les soutiens administratifs et techniques permettant de répondre aux besoins de l’opérationnel, comme dans une entreprise. La réforme a brisé cette organisation. Il existe maintenant deux chaînes hiérarchiques parallèles : celle du commandement opérationnel propre à chaque armée, et celle des soutiens qui partant des bases de défense remonte à l’État-major des armées (EMA) à Paris. C’est un choc culturel : de soutiens intégrés et subordonnés à la mission, on passe à des organismes autonomes de soutien dont les finalités risquent de devenir strictement administratives et économiques. En d’autres termes, cette mutualisation, dissocie la direction de l’entreprise militaire et ses moyens économiques.
En réalité, toutes les bases de défense ne sont pas interarmées. Mais certaines mutualisent les soutiens d’organismes relevant de trois univers culturels différents : le maritime, l’aérien, le terrestre. Il s’en suit des tensions et des dysfonctionnements de toutes natures, liés au style de vie et aux pratiques de chaque armée. La communication entre « soutenants » et « soutenus », hier intégrée dans le quotidien, se fait dorénavant à distance, par messages électroniques gérés par un logiciel. Les personnels des bases de défense déplorent une déshumanisation des relations du fait de l’abandon des réunions de travail ou des appels téléphoniques au profit du « tout numérique ». « On gère des dossiers et non plus des personnes et la tendance est à se transformer en administration froide », observe un officier dans un service de relations humaines [10].
Dans les régiments, les exercices opérationnels doivent être maintenant planifiés longtemps à l’avance, tant les délais d’acheminement et de traitement des demandes sont devenus complexes. Cette temporalité ne coïncide pas avec les modalités de fonctionnement de formations opérationnelles dont les prévisions d’activité sont sans cesse bousculées par leur exigence de disponibilité et par l’imprévisibilité de certaines de leurs missions.

Une fuite en avant

De telles transformations des structures séculaires des forces armées donnent l’impression d’une fuite en avant sans projet autre que celui d’une économie comptable. Il est hasardeux de prévoir leurs incidences à terme, mais on peut néanmoins formuler quelques interrogations. S’agissant plus particulièrement de l’armée de Terre, observons que ces mutations induisent dans ses régiments la « dé-intégration » de leurs unités constitutives. Peut-on alors négliger l’hypothèse d’une crise majeure qui mette en jeu nos alliances ou menace les intérêts stratégiques du pays ? Une telle crise pourrait appeler l’engagement d’une force armée importante composée de régiments possédant l’intégralité d’unités et de soutiens organiques. Qu’en sera-t-il alors de la cohésion et de la puissance de ces régiments face à une force adverse classique alors que ces mutations auront affaibli les capacités de leurs unités et de leurs soutiens à opérer ensemble ?
Par ailleurs, au regard de l’état du pays, l’abandon des fonctions que la III e République avait dévolues à l’armée soulève une autre question. Bon an mal an et malgré ses travers, l’institution militaire portait secours, contribuait à une régulation sociale, fabriquait du mythe fédérateur, y compris dans sa contestation et dans la révolte contre ses excès. Aujourd’hui, cette institution est en voie de démantèlement, alors que notre pays devient vulnérable face à une catastrophe de quelque nature qu’elle soit et qu’il est travaillé par des fractures sociales et culturelles (sans compter l’existence de jeunes sans père ni repères). En refusant avec autant de constances d’investir dans ce qui fut naguère la puissance politique, sociale et symbolique de l’armée, dans la disponibilité totale de ses soldats, la Nation ne se prive-t-elle pas de l’une des énergies immatérielles indispensable à son existence ?

Annexe
Document : Manifeste pour la sauvegarde de nos armées [11]

Le démantèlement de l’institution militaire arrive à son terme. Infiniment plus que l’actuelle disette budgétaire, les impératifs de l’État-providence et la volonté des « post modernes » d’en finir avec le « fracas des armes » ont été les abrasifs les plus puissants pour réduire, en moins d’un demi-siècle, l’armée française à l’état d’échantillon. La force militaire est passée, dans le silence et la dénégation, du statut d’institution régalienne majeure à celui d’une société de services que l’on rétribue à la tâche.
Le couronnement de cette efficace entreprise de démolition a été de placer la haute hiérarchie aux ordres d’une administration civile de défense qui prospère sans frein, au prétexte de recentrer les militaires sur leur cœur de métier. Le soldat, « ravalé à la fonction d’homme de peine de la République », est prié de verser son sang dans le silence et l’indifférence en se soumettant aux règles strictes d’un devoir d’État trop souvent déserté par ceux qui sont censés le faire mettre en œuvre et le faire respecter.
Ce désastre consommé ne peut plus être confiné sous l’éteignoir d’un « devoir de réserve », caution hypocrite à la disposition de tous les habiles pour esquiver dans le confort de la chose publique leurs responsabilités envers la Nation.

Des fautes multiples

C’est en effet une grande faute que de sacrifier le bras armé de la France au gré d’idéologies de rencontre et d’embarras financiers.
C’est une faute en regard du monde tel qu’il s’organise et dont chacun sait qu’il réservera de fâcheuses surprises. L’absence actuelle de menace militaire majeure n’est qu’un simple moment de l’Histoire. Son calme apparent ne doit pas masquer les reconfigurations géopolitiques qui marginaliseront les nations au moral défaillant.
C’est une faute vis-à-vis de la sécurité des Français de faire ainsi disparaître un pilier majeur de la capacité de résilience du pays face à d’éventuelles situations de chaos dont nul ne peut préjuger le lieu, l’heure et la nature. Pour y faire face, seule une force armée peut offrir les moyens suffisants servis par des hommes et des femmes structurés par les valeurs puissantes du devoir et de l’obligation morale.
C’est une faute d’éliminer l’une des institutions fabriques de liens » dont la France a un urgent besoin face aux forces centrifuges qui y sont à l’œuvre, face aux fractures sociales et culturelles en voie de se produire.
Il est donc plus que temps de rétablir la puissance et l’efficacité d’une institution d’État « pour le dedans comme pour le dehors » et de se remettre à penser le destin national en termes de risques et de puissance stratégique. La France en a les moyens. Elle doit le faire sans l’attendre d’une Europe, puissance inexistante, ou d’une soumission transatlantique délétère voire de plus en plus illusoire.

Que rétablir et comment ?

Après des décennies de mesures irresponsables, une impulsion réparatrice est nécessaire pour raisonner et faire le choix des voies et moyens qui puissent rétablir une institution, désormais comateuse. Ces choix ne pourront pas faire l’économie d’un certain nombre de dispositions, dont l’abandon ou le travestissement ne sont plus acceptables.
Un budget décent doit permettre à nos soldats de disposer de l’entraînement et des équipements nécessaires, et au politique de s’engager sans le soutien déterminant des États-Unis, tout en évitant le stupide tout ou rien nucléaire.
Il faut pour servir les armes de la France des hommes et des femmes en nombre suffisant avec la répartition qui convient entre des professionnels en nombre suffisant et les citoyens en armes qui doivent revenir d’une manière ou d’une autre au centre de notre dispositif sécuritaire et identitaire. Rien d’efficace et de durable ne peut se faire sans des effectifs capables de marquer dans la durée, sur et hors du territoire national, la volonté et la détermination de la Nation.
Quel chef d’entreprise accepterait d’œuvrer alors que lui échappe le contrôle des moyens administratifs et techniques réputés nécessaires à son œuvre ? C’est pourtant ce qu’imposent aux chefs militaires de récentes réformes mises en œuvre au nom de la rationalité des coûts. Il faut donc revenir à une organisation des forces univoque qui subordonne au commandement les moyens de son action.
Enfin, une répartition équilibrée des responsabilités qu’autorise la Constitution est nécessaire entre l’exécutif et le Parlement, qui, par ailleurs, laisse au militaire le devoir d’exercer librement son conseil, tout en administrant et mettant en œuvre les forces autrement que par le canal d’une administration de défense d’autant plus intrusive qu’elle se sait irresponsable.
Voilà autant de mesures indispensables qui seront déclinées, point par point, dans des documents à venir et dont les signataires du présent document demanderont, avec détermination et constance, la réalisation pour le bien public.
Il est grand temps de rénover et de renouveler le contrat de confiance de la République avec ses soldats. S’il n’est pas trop tard, il devient urgent de lui redonner la vigueur indispensable sans qu’il soit besoin de recourir à des formes de représentation qui, bien qu’étrangères à notre culture militaire, pourraient s’avérer, un jour peut-être proche, le seul moyen pour nos soldats de se faire entendre.
Le 30 septembre 2013
Les sentinelles de l’agora

(*) Catherine Durandin, historienne, professeur à l’Inalco, a publié Le déclin de l’armée française (François Bourin éditeur) et André Thiéblemont, colonel (er) est l’auteur de Culture et logique militaire (PUF). Cette lettre rend compte de leur intervention lors du Mardi de Politique Autrement du 12 novembre 2013.

Notes

[1] Pour le développement de cette conception nouvelle de l’éducation militaire, voir Alain Ehrenberg, Le corps militaire – Politique et pédagogie en démocratie, Aubier, 1983, p. 99-105 et 120-154.

[2] Ibid., p. 169.

[3] Anonyme, « Du rôle social de l’officier dans le service universel », Revue des Deux mondes, mars 1991, deuxième quinzaine.

[4] Voir notamment, Marc Bessin, « Le difficile de voir d’insertion du service militaire », Annales de Vaucresson, n° 32-33, 1990, p. 241-251.

[5] Une organisation ou une architecture modulaire (concept dérivé de l’ingénierie industrielle) consiste à décomposer un tout complexe (organisation intégrée, produit, etc.) en composants indépendants et à les agencer spécifiquement et temporairement les uns aux autres en vue d’un projet (groupe de projet, « task force » assemblant des compétences) ou de la fabrication d’un produit.

[6] Soit deux à trois compagnies d’infanterie, un escadron blindé et des éléments de génie et d’artillerie.

[7] Principalement, la gestion des personnels et les relations humaines, l’habillement et l’équipement, la restauration, les services d’achat, les matériels et armements roulants, leur entretien et leur maintenance, les munitions, etc.

[8] A la différence par exemple de la mutualisation des moyens de la police et de la gendarmerie qui s’opère « à petits pas ». Cf. le rapport de la Cour des comptes, sur la mutualisation de la police et de la gendarmerie nationale, octobre 2011, p. 18.

[9] Écrit par Les Sentinelles de l’agora, club de réflexion qui regroupe des officiers supérieurs et généraux des trois armées, de sensibilités diverses et membres de nombreuses associations et institutions de Défense.

[10] Alicia Paya y Pastor, Les restructurations militaires ou la réforme d’une institution régalienne appréhendée au travers de l’activité quotidienne des cadres intermédiaires de l’armée de terre, Congrès de l’Association française de science politiques, ST4, juillet 2013, accessible à l’adresse http://www.congres-afsp.fr/st/st4/st4payaypastor.pdf

[11] Écrit par Les Sentinelles de l’agora, club de réflexion qui regroupe des officiers supérieurs et généraux des trois armées, de sensibilités diverses et membres de nombreuses associations et institutions de Défense.