• Rencontre avec Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot (*)-

En nombre rond, Paris comptait, au recensement de 1810, 550 000 habitants, et déjà 1 174 000 à celui de 1856. En un demi siècle, sa population avait doublé. Les villages annexés à la capitale en 1860 augmentent d’un demi million le nombre des parisiens : au recensement de 1861, ils sont 1 696 000. Paris connaît son sommet démographique en 1921. On frôlait alors les trois millions d’habitants puis la population se stabilisa jusqu’en 1954 : on dénombrait alors 2 850 000 parisiens. Après cette date, un déclin démographique s’amorce : entre 1954 et 1999, la capitale a perdu 725 000 habitants, soit presque le quart de sa population. Depuis le début du XIX° siècle, la France est passée de 29,3 à 58,5 millions d’habitants. Elle se « contente » donc de doubler alors que sa capitale quadruple quand la population de la région Île-de-France a été multipliée par huit. Deux chiffres simples résument l’évolution de la structure sociale de la population parisienne : les cadres moyens, supérieurs et « les patrons de l’industrie et du commerce », disons les « classes supérieures », sont passés de 35% en 1954 à 65% en 1999. En passant d’un tiers à deux tiers de la population parisienne active, leur poids a presque doublé. Inversement, les employés, les ouvriers et les personnels de service qui représentaient 65% des Parisiens en 1954 ne seront plus que 35% en 1999. En cette fin de siècle, avec ses 2 125 000 habitants et ses 1 114 000 actifs, Paris regroupe 1 656 000 emplois. 700 000 Parisiens travaillent à Paris même alors que 300 000 exercent leur profession en banlieue. Un million de banlieusards viennent travailler à Paris chaque jour. Ces migrations quotidiennes alternantes font et défont la métropole, lui donnant deux faces : diurne et nocturne. Contrairement à d’autres capitales, l’activité a diminué, entre 1990 et 1999, de 214 530 emplois.

Une métropole désindustrialisée

Cette diminution du nombre d’emplois est due à la désindustrialisation de la capitale. Par exemple, dans les années 1968-1970, quai de Javel, face à la Maison de la Radio, les usines Citroën employaient encore environ 17 000 salariés dont 12 000 ouvriers. Il est vrai que, dans le même temps, le nombre d’ouvriers dans la population active française régresse, mais l’évolution de Paris est beaucoup plus rapide, non seulement si on la compare à celle de la France, mais également à celle de la région parisienne.
Si l’on constate que « l’embourgeoisement » de la capitale s’étend pratiquement à tous ses quartiers, ce processus de « gentrification [1]
» demeure inégalement réparti. En effet, les usages de la ville changent plus vite que les formes urbaines figées dans les bâtiments. Une ville est le produit d’une interaction permanente entre du social objectivé dans les bâtiments, des formes urbaines, des institutions et des règlements, et du social incorporé par les habitants. Qu’il s’agisse de la composition sociale, des comportements électoraux ou des rapports avec la banlieue, la vie parisienne résulte de la dynamique entre ces deux formes du social, dans une ville dont les lignes de partage apparaissent comme autant de manifestations des clivages de la société. Ce ne se sont pas les quartiers de l’Ouest qui évoluent (16e, 8e, 7e). Ils sont bourgeois et ne le sont pas davantage qu’autrefois. Historiquement et structurellement, Paris oppose ses « beaux quartiers » de l’Ouest aux quartiers populaires de l’Est. Les mutations se manifestent dans l’Est et le Nord de Paris où une population d’ouvriers et d’employés est progressivement remplacée par une population de diplômés supérieurs. Vous avez sans doute remarqué que le terme « mixité sociale » est employé lorsque les couches supérieures investissent les quartiers populaires alors que, dans le cas inverse, on parle de « « paupérisation ».
L’exemple du quartier du Faubourg Saint-Antoine, au-delà de la place de la Bastille, est significatif. C’était essentiellement un quartier de petits ateliers d’ébénisterie, de métallurgie de précision, comme sur la rue Richard Lenoir. Ces ateliers ont fermé et les locaux se sont libérés. En même temps, les petits logements ouvriers à proximité de ce substrat d’ateliers ont été également abandonnés. Une population d’artistes, de professions à la recherche de locaux pas trop chers dans Paris, a amorcé un processus qui aboutit à une sorte d’embourgeoisement de ce quartier. L’exemple le plus caractéristique est celui de la cour Damoye, entre la place de la Bastille et la rue Daval. Cette ancienne cour d’ébénisteries a conservé ses pavés, un monte-charge industriel qui montait les pièces de bois aux étages, mais elle abrite désormais des pied-à-terre parisiens, achetés par des provinciaux ou par des étrangers en quête d’un logement qualifié par les agences immobilières « de caractère ». Les prix sont devenus comparables à ceux pratiqués dans 6e arrondissement. Ce processus est parvenu à son terme. Engagé par de jeunes artistes, il a progressivement transformé la vie du quartier qui attire ce qu’on appelle désormais dans une certaine presse des « bobos ». Ce ne sont pas des « héritiers » de familles fortunées ; pour une majorité d’entre eux, ils doivent leur position sociale à leurs diplômes, à des qualifications et au fait de travailler dans des secteurs très porteurs, comme les nouvelles technologies, le design, le conseil aux entreprises, la communication, etc. Ces jeunes adultes développent à la fois un rapport positif et ambitieux au travail tout en cultivant un certain « passéisme social ». Celui-ci se manifeste par une sorte de mise en scène du travail ouvrier dans les cafés et les restaurants. Il peut s’agir de compenser la mauvaise conscience diffuse d’avoir récupéré des rues et des logements où d’autres ont vécu avant d’en être expulsés d’une manière plus ou moins feutrée. Il semble qu’il y ait dans ces groupes une adhésion résolue à la modernité jointe à une nostalgie, peut-être transmise par des parents ayant vécu les soubresauts de 68.

Exclusion sociale/exclusion spatiale

Cet habitat naguère peu confortable, constitué de logements souvent exigus parfois à la limite de l’insalubrité, voire insalubres, permettait néanmoins à une population modeste d’habiter Paris intra muros. Il faut rappeler l’inconfort qui perdurait dans l’après guerre. En 1954, 180 000 logements (16%) avaient l’eau « hors du logement mais à l’étage », 30 000 (3%) avaient l’eau « dans la cour » et pour 2800, il fallait chercher l’eau « ailleurs » (pompe, fontaine publique, etc.). Dans 71 % des logements « l’installation sanitaire » se réduisait -au mieux- à l’évier de la cuisine. Actuellement, on assiste dans certains quartiers populaires comme celui de La Goutte d’Or, à un grignotage de ce type d’habitat par les mêmes catégories qui, il y a une vingtaine d’années, se sont progressivement emparées du faubourg Saint-Antoine. Des logements arrivent sur le marché à la suite d’une succession, ils ne sont pas de grande qualité, mais des jeunes, à la recherche de locaux pour travailler et vivre dans Paris, les occupent facilement. À La Goutte d’Or, rue des Gardes, à l’initiative d’élus du quartier, a été créée une « rue de la mode », avec des rez-de-chaussée d’immeubles consacrés à des ateliers pour de jeunes créateurs. Il n’y a là rien de répréhensible. Je ne fais pas une dénonciation. C’est une simple illustration du fait que ces « catégories nouvelles », en grignotant Paris à l’Est et au Nord, remettent la « mixité sociale » en question.
Notre propos n’est pas de considérer que toutes les familles modestes puissent habiter dans Paris. L’enjeu est essentiellement symbolique : Paris devient une ville réservée à des catégories diplômées, disposant de ressources au-dessus de la moyenne, sans compter tous les quartiers anciennement bourgeois, qui s’étendent vers l’Est (comme le 6e, du côté de Saint-Germain-des-Prés). L’exclusion sociale se double alors d’une exclusion spatiale. La ville-capitale concentre une grande partie des pouvoirs : politique, économique (avec les sièges sociaux des grandes entreprises), culturel (sur 356 éditeurs multimédias français recensés, 260, soit 74% sont localisés en Île-de-France dont 176 à Paris même, pour le cinéma, 84,7% de la production sont concentrés en Île-de-France, la télévision…). Pour la recherche scientifique, 43,8% des chercheurs exercent en Île-de-France. On peut dire que certaines catégories sociales s’assurent un monopole résidentiel. En 2000, 44% des foyers fiscaux assujettis à l’I.S.F. (impôt de solidarité sur la fortune) résidaient en Île-de-France.

L’étendard de la mixité sociale

Aujourd’hui, le projet « résidentiellement correct » pour Paris, c’est la « mixité sociale ». Tel est l’étendard des hauts fonctionnaires comme des hommes politiques de tous bords. En réalité, lorsqu’on a suffisamment d’argent pour choisir son lieu de résidence, pas d’hésitation, on choisit son semblable comme voisin. « L’entre soi » l’emporte systématiquement. Les études statistiques que nous avons faites sur des membres des « grands cercles » (Automobile club, The Travellers, le Jockey-Club, l’Union interalliée, le Cercle du Bois de Boulogne, le Polo de Paris…), montrent que sur 10 000 membres, aucun n’habite le 18e, le 19e, ni le 20e. Quand ils habitent le 17e, c’est le 17e sud ! Pour le 16e, ce sera le nord. Une bonne adresse ressemble aux aires d’appellation contrôlée de grands crus, elle se négocie au mètre près. Le « « 75016 » est un 16e hétérogène. Le bon 16e, c’est le « 75116 ». Les membres des « grands cercles parisiens » se concentrent entre le 7e, le 8e, le 17e sud et le 16e nord auxquels on peut ajouter Neuilly. A Saint-Mandé, à Vincennes, dans le 12e, on trouve de luxueuses maisons dont on peut penser qu’elles sont occupées par des ménages aisés mais ce ne sont pas les membres de ces grands cercles où se concentre l’élite de l’élite. En « situation de laboratoire », faisant abstraction des contraintes économiques, la conclusion est nette : on choisit quasi instinctivement son semblable ! On peut considérer que c’est une caractéristique humaine. On peut aussi chercher à éviter, à éloigner son dissemblable. Ces deux mouvements peuvent être concomitants. Les arguments en faveur de la mixité ne sont pas ainsi sans ambiguïté. Il s’agit de favoriser la sociabilité et les contacts entre milieux sociaux. Or, dans la pratique, les inégalités rendent la relation asymétrique. Des recherches sociologiques [2] ont montré que le rapprochement spatial peut même, au lieu de favoriser l’échange et la compréhension mutuelle, exacerber les distances et les tensions dans une vie quotidienne qui ne gagne guère à mettre en présence des façons de vivre non seulement différentes mais aussi socialement hiérarchisées.
Toutes les conclusions des enquêtes sociologiques sur la mixité sociale vont dans le même sens. Quand vous mélangez des catégories sociales différentes, la proximité physique peut exacerber, amplifier, les différenciations sociales. Michel a fait une enquête sur un grand ensemble de la banlieue de Nantes, Le Sillon de Bretagne. Ce bâtiment a été construit par une société anonyme d’HLM, fondée par des syndicats et une association d’inspiration chrétienne de gauche. Ce bâtiment comprenant 900 logements regroupant 4000 résidents a été conçu sous l’inspiration de ce précurseur de la sociologie urbaine que fut Paul-Henry Chombart de Lauwe (1913-1998) qui prônait le « mélange social », avec des circulations, des salles pour que les gens se rencontrent, échangent, interagissent. Il se présente sous la forme d’une tour de vingt étages, une aile de 400 mètres de long et une autre aile un peu plus courte. C’est gigantesque. Par une sorte de prodige administratif, on y trouve des HLMO (habitations à loyer modéré dites « ordinaires ») pour les ouvriers et employés, des PSR (programme social de relogement) pour les manœuvres et les OS et des ILN (immeuble à loyer normalisé) pour employés et petits cadres moyens. Toutes ces catégories de logement étaient réunies dans le même immeuble.
Or, au cours du temps, cette répartition des logements s’est transformée. Quand le nombre d’enfants s’accroît, on a besoin d’un logement plus grand et quand les enfants quittent le foyer, on veut un appartement plus petit. En consultant les fichiers de l’organisme HLM, nous avons constaté, qu’au fil des années, une ségrégation interne à cet immeuble s’était rétablie. En une quinzaine d’années, dans la tour de vingt étages qui était, du fait de ces circulations, la plus « remuante », il ne reste pratiquement plus que des travailleurs immigrés, tandis que les cadres moyens se retrouvent au bout de l’aile de 400 mètres, c’est-à-dire à l’écart. Dans cet espace de logements sociaux, sans discrimination financière directe, une redistribution sociale s’est ainsi spontanément reconstituée.

Vivre avec ses semblables sans ghetto

Paris ne connaît pas, à proprement parler, de ghetto. Le quartier chinois du 13e arrondissement que nous connaissons bien ou celui de La Goutte d’Or ne sont pas vraiment des ghettos. S’il en existe, ce serait plutôt à l’Ouest. La Villa Montmorency dans le 16e arrondissement constitue, par exemple, un « vrai ghetto ». Cet ensemble de 150 maisons est totalement clos de hauts murs. Nous y avons pénétré que grâce à des recommandations… Dès que vous souhaitez y mettre un pied, vous êtes rappelé à l’ordre par des gardiens sourcilleux. Il s’agit donc d’un « ghetto choisi », non imposé.
Ne soyons pas hypocrites ! Quand on en a les moyens, c’est son semblable, son proche que l’on choisit. Quand on mélange les classes sociales, la proximité physique a tendance à exacerber les différences sociales. Quelle est la bonne échelle pour réfléchir à la mixité sociale ? Ce n’est pas l’immeuble, la rue, le quartier, mais bien la ville. Paris apparaît comme une bonne échelle pour penser l’idée de « mixité sociale ». D’un point de vue sociologique, nous ne sommes pas choqués qu’il y ait des quartiers bourgeois, des quartiers populaires, des « quartiers ethniques » (tamouls, chinois…), des quartiers « bobos », des « quartiers mélangés »…, à la condition sine qua non qu’il y ait une authentique circulation entre ces quartiers, avec des noyaux sociologiques nets composés de semblables choisissant de vivre avec leurs semblables, mais sans fermeture aux « autres ». Les « différences » peuvent et doivent tisser des liens.
Avant d’engager notre discussion, nous rappellerons une remarque L’homme sans qualités qui évoque aussi le tissu urbain parisien : « Comme toutes les grandes villes, notait Robert Musil, elle était faite d’irrégularité et de changement, de choses et d’affaires glissant l’une devant l’autre, refusant de marcher au pas, s’entrechoquant ; intervalles de silence, voies de passage et ample pulsation rythmique, éternelle dissonance, éternel déséquilibre des rythmes ; en gros une sorte de liquide en ébullition dans un récipient fait de la substance durable des maisons, des lois, des prescriptions et des traditions historiques. »

Débat
Quelle mixité sociale ?

  • Q : J’ai vécu 25 ans dans le 17e « chic » et j’habite depuis trois ans le quartier Marx Dormoy, dans le 18e arrondissement, non loin de La Goutte d’Or, coincé entre la gare de l’Est et la gare du Nord. Cadre supérieur dans une entreprise publique, j’y avais acheté, il y a dix ans, un appartement pas trop cher à l’époque. J’habite donc dans une résidence composée de quatre immeubles, avec 170 logements, dont quelques logements sociaux dispersés. C’est très cosmopolite. La population va de familles africaines ou de familles algériennes dont la femme porte maintenant le voile à des catégories « artistiques » diverses (auteurs, metteurs en scène de théâtre…). Sans faire beaucoup de sociologie, on peut penser que ces derniers sont des gens qui n’ont pas d’importants moyens financiers et qui n’ont pas de prévention à l’égard de la dimension très cosmopolite du quartier.
    On assiste à l’augmentation de cette dimension cosmopolite. Les populations africaines y sont de plus en plus nombreuses. Des populations indiennes, tamouls remontent de la gare du Nord. Ce quartier est un peu à la périphérie de Paris et une station de métro dessert un grand éventail de types de logements. Ce quartier connaît donc un double mouvement. L’augmentation des boutiques de kebab et de bazars indiens s’accompagne d’une progression de la population dite « bobo » : une libraire un peu militante, des artistes plus ou moins fortunés… Les conseils de quartier, instaurés par la mairie de Paris, en sont un peu le reflet.
    À proximité d’un marché historiquement classé, occupé de plus en plus par les épiciers chinois, on a construit récemment un immeuble. Les appartements de cet immeuble ont été vendus immédiatement. Je m’en suis réjoui en pensant que cela allait peut-être rééquilibrer le quartier. Je préfère les libraires avec les bobos à la multiplication des kebab ! C’est un peu brutal de le dire ainsi, mais ces quartiers ne peuvent vivre qu’avec une population n’ayant pas de prévention à l’égard de l’« étranger ».
  • Q : J’ai toujours été irrité par une forme de démagogie. Lorsque Dominique Strauss-Khan (parmi d’autres) déclare à la télévision que l’idéal est d’avoir toute la hiérarchie sociale dans le même immeuble – et je ne suis pas certain qu’il donne l’exemple -, ce n’est pas seulement mettre la barre très haut, mais cela apparaît totalement irréaliste ! Les stratégies de recherche de son semblable couvrent toutes les couches sociales. Des enquêtes faites au moment des drames qui ont touché certaines familles africaines dans des immeubles insalubres, le montrent. Certaines d’entre elles ont reçu la proposition d’un relogement dans le 16e arrondissement, l’administration considérait qu’elle faisait un effort considérable, mais après avoir visité de beaux appartements dans « un beau quartier », des familles ont refusé, car elles se sentaient isolées et ne pouvaient bénéficier d’aucune solidarité…
    Il existe aujourd’hui une forme de mixité sociale, dans l’Est parisien. C’est une courbe sociologique en U. D’un côté les cadres supérieurs et moyens, les professions intellectuelles et de l’autre côté des immigrés, mais les deux populations n’habitent pas le même type de logement. Il y a une sorte de trou entre des gens qui ont pas mal d’argent et ceux qui n’en ont vraiment pas. Avec tous les problèmes de carte scolaire qu’on peut aisément imaginer. Est-ce la forme de mixité sociale qu’on peut envisager à l’échelle de la ville ?
  • Q : J’apprécie votre position qui pose franchement les questions, sans trop de détours. Il existe à gauche un certain volontarisme moralisant qui dénie les problèmes. Celui-ci consiste à dire qu’il faut faire un effort et prendre sur soi pour accepter, par exemple, que ses enfants aillent dans telle école, même si le niveau n’est pas bon, ou encore pour aller habiter dans des quartiers dits populaires et immigrés au nom de la mixité sociale. Que chacun fasse comme il l’entend, mais au nom de quoi peut-on imposer aux gens une culture avec laquelle ils n’ont pas de proximité ? Ce n’est pas seulement un problème économique et social, c’est un problème qui touche à la fois à la liberté individuelle et à la culture. Je ne saurais reprocher à quelqu’un qui est gêné par la proximité de femmes voilées de ne pas faire l’effort culturel de l’accepter. On ne peut pas exiger des gens qu’ils se sacrifient au nom de ce qu’un militantisme de gauche estime être moralement correct.
    L’évolution que vous décrivez pose la question de la juxtaposition de logements sociaux et des logements pour personnes fortunées. Ce phénomène semble se retrouver dans de nombreuses villes et villages en province. Mais entre les deux, que deviennent les couches moyennes ? Quand on parle de mixité sociale, on oublie les couches moyennes (les employés, les techniciens…). On entend parler de débats à la mairie de Paris pour le développement du logement social, mais considère-t-on ce problème ?
  • Michel Pinçon : Ces questions nous préoccupent également. Un des graves problèmes aujourd’hui dans Paris est la polarisation entre des couches favorisées et des poches de misère que nous n’ignorons pas. Il existe un habitat pour des populations riches et un habitat pour des catégories très pauvres. Un foyer parisien sur huit est « pauvre » au sens où il vit avec moins de 670 euros par mois. Les incendies d’hôtels regroupant des populations immigrées l’ont encore tragiquement rappelé, des immeubles insalubres, inconfortables sont encore habités. C’est ce qu’on appelle un « habitat social de fait ».
    Il existe par ailleurs un parc de logements sociaux qui, en partie, n’est pas habité par des gens pauvres. Par exemple, des HLM qui se trouvent derrière la Maison des Sciences de l’Homme, vers le Bon Marché, ne sont pas habitées par des ouvriers. Mais tous les vieux HLM de la périphérie nord de Paris sont encore des poches de logement social. Il existe encore un habitat pour les pauvres dans Paris, mais il est « raboté » en permanence. Par contre, il y a effectivement de moins en moins d’habitat pour les classes moyennes. La municipalité actuelle est consciente de ce problème. Les opérations un peu symboliques de préemption d’immeubles dans « les beaux quartiers » de l’Ouest tendent à y fixer à la fois des gens qui y travaillent et qui vivent dans des logements insalubres, mais aussi à maintenir des classes moyennes qui ne résistent pas à la pression immobilière. En effet, à la fin de l’année 2004, le prix moyen du mètre carré s’établissait à 4 587 euros (6 968 euros dans le 6e arrondissement, 3 405 euros dans le 19e).
  • Monique Pinçon-Charlot : En 1991, il a été créé dans la Région Ile-de-France le Fonds de solidarité pour l’Ile-de-France (FSIDF). Les 38 communes touchant le plus de taxe professionnelle devaient en redistribuer une partie aux communes les plus démunies de ce point de vue. Or, par divers procédés, elles se sont arrangées pour en reverser le moins possible. La ville de Neuilly-sur-Seine dont l’ancien maire est connu, versait 6 millions d’euros en 2003. En 2005, elle ne versait plus que 3 millions.
    La loi Chevènement de 1999 qui définit l’« intercommunalité à fiscalité propre », devait favoriser cette coopération intercommunale. Or, les cinq communes les plus riches de la Région Ile-de-France (Neuilly, Levallois, Puteaux, Courbevoie dans les Hauts-de-seine et Vélizy-Villacoublay dans les Yvelines) qui perçoivent la taxe professionnelle de nombreuses grandes entreprises, se sont regroupées en intercommunalité, mettant dans le pot commun des richesses communes. Les communes les plus pauvres dont Clichy-sous-Bois, Montfermeil, Saint-Denis…, n’ont que leur manque de moyens à mettre en commun. Clichy-sous-Bois qui touchait de ce fonds de solidarité (FSIDF) 2,2 millions d’euros par an a perçu, en 2005, 200 000 euros de moins. C’est l’équivalent d’un gymnase ou d’un commissariat de police. Clichy-sous-Bois, avec 28 000 habitants, n’a pas de commissariat de police. Le Raincy, la commune bourgeoise voisine en a un pour 13 000 habitants. On favorise ainsi les plus favorisés ! Il existe un cynisme des communes les plus opulentes. Les cinq communes les plus riches ont eu, en 2005, 2 300 euros par habitant à redistribuer dans l’année. Les cinq communes les moins bien dotées n’ont reçu que 600 euros par habitant. L’écart est de 1 à 4. « Il pleut toujours où c’est mouillé ! »

Lois, discours et réalités

  • Q : Alors que l’on débattait au sujet de l’application l’article 55 de la loi Solidarité et renouvellement urbain (S.R.U.) entrée en vigueur en janvier 2002, fixant aux communes de plus de 3500 habitants un quota de 20% au moins de logements sociaux, j’ai été étonné de découvrir d’une part le nombre de communes qui préfèrent s’acquitter d’une amende annuelle de 152 euros par logement social manquant [3] et, d’autre part, par le taux de HLM dans certains arrondissements. Dans le 20e, par exemple, elles représentent 34% des logements. Quel type de population en bénéficie ?
  • Monique Pinçon-Charlot : On en trouve jusqu’à 60% dans certains îlots. Le logement social est un frein à la « gentrification ». Les jeunes adultes qui gagnent bien leur vie, dans les nouveaux secteurs de l’activité économique, n’y auront pas accès, ni même le désir.
    Michel et moi baignons depuis 35 ans dans la sociologie urbaine. Nous avons commencé comme experts au Commissariat au plan, dans les années 70, en pleine période de « planification urbaine ». À cette époque, on ne parlait pas encore de « mixité sociale » mais d’« habitat social » ce qui sous-entendait une volonté de « mélange social ». J’ai toujours été frappée par l’immense hypocrisie des hauts fonctionnaires du Commissariat au plan, tous favorables à la non ségrégation sociale. Un jour, sachant qu’ils envoyaient tous leurs enfants à Janson de Sailly, Louis Le Grand, Henri IV, j’ai proposé timidement un tour de table au sujet des lycées que fréquentaient leurs enfants. Cela a été reçu comme un pavé dans la mare ! Dès lors que l’on aborde la transmission du patrimoine scolaire, on ne plaisante plus.
    Par ailleurs, il n’y avait pas de « culture de l’évaluation » des politiques publiques. La « politique de la ville » engage un énorme investissement pour empêcher la ségrégation et la ghettoïsation. Or paradoxalement, ces dernières n’ont jamais été aussi fortes dans notre pays. Pourquoi ? Les différents ministères ou administrations concernés ont chacun leurs enjeux et il n’y a pas de concertation interministérielle pour trouver ensemble des solutions. D’autre part, il existe des tensions entre les tendances décentralisatrices et les pulsions centralisatrices. Enfin, les classes moyennes intellectuelles et la haute fonction publique ont un intérêt à la mixité sociale, car ils se trouvent être du « bon côté du manche ».

L’école est-elle encore un lieu de mixité sociale ?

  • Q : La « mixité » sociale ne se décrète pas. Il y a une cinquantaine d’années, Paris apparaissait beaucoup plus « mixte ». Il y avait du travail. Aujourd’hui, Paris compte beaucoup de retraités ou de gens qui y conservent un pied à terre, tout en vivant ailleurs. Certains échappent à l’impôt sur la fortune en ayant un appartement luxueux dans Paris, mais une domiciliation dans un petit studio à Bruxelles. La mixité dépend de la multiplicité des différents types d’emplois, mais aussi de l’école. C’est à l’école, ou naguère durant le service militaire, que les différentes couches sociales se rencontrent et où se fait effectivement, ou devrait se faire, une « mixité sociale ». Or celle-ci ne se réalise plus vraiment, car il se fait un partage entre les « bons » et les « mauvais » lycées et, celui qui en a les moyens, choisit le « bon » secteur.
  • Michel Pinçon : Vous avez prononcé un mot qui fait mal quand on parle de mixité sociale, c’est « l’école ». Dans le quartier de La Goutte d’Or, près de l’église Saint-Bernard, il existe deux écoles primaires. L’une catholique est privée, l’autre est publique. À l’école publique, près de 100% des élèves sont d’origine étrangère, venant d’Afrique, d’Asie… Les enfants de la rue de Panama, dans laquelle on trouve quelques immeubles habités par des gens comme vous et moi, vont à l’école privée. Ce choix ne correspond pas nécessairement aux convictions religieuses des parents, mais il leur permet d’éviter la « mixité sociale » considérée comme nuisible au cursus scolaire de leurs enfants.
    Il ne faut pas se cacher les différences culturelles. Le multiculturalisme est un fait. Nous devons nous rappeler qu’autrefois, il y a eu d’énormes tensions sociales entre travailleurs parisiens et travailleurs provinciaux. Ces derniers étaient accusés de venir voler le travail des Parisiens. Dans les Ardennes, les tensions étaient très vives entre Ardennais français et belges qui passaient la frontière pour travailler dans les industries métallurgiques de la vallée de la Meuse et qui étaient accueillis par des jets de pierres. L’intégration des diverses vagues d’immigration (italienne, espagnole, portugaise…) a demandé plusieurs générations et ne s’est pas accomplie sans difficultés. Mais ces tensions étaient sociales et concernaient prioritairement l’emploi.
    Aujourd’hui, les résistances semblent relever d’un autre ordre, les conflits se développent de plus en plus sur le champ culturel. Ils peuvent porter notamment sur la condition de la femme. Le voile n’est qu’un épiphénomène, mais il y a aussi l’excision, les mariages forcés… Ces différences apparaissent incompatibles avec les normes sociales françaises et les lois de la République française. Cette situation nouvelle est préoccupante. L’insertion sociale apparaît beaucoup plus problématique.
  • Q : Dans votre Sociologie de Paris, vous évoquez le cas symptomatique d’une expérience de jumelage des lycées Janson de Sailly dans le 16e arrondissement et de Goussainville dans une banlieue populaire.
  • Monique Pinçon-Charlot : Le proviseur du lycée Janson de Sailly était, il y a quelque temps, Yvette Cluzel, une femme issue d’un milieu modeste, promue grâce à la méritocratie républicaine . Elle eut alors l’idée de jumeler ce lycée « d’« élite » avec un lycée populaire. Elle était amie avec une de ses collègues, proviseur du lycée de Goussainville, dans le Val d’Oise. Des classes de terminales des sciences économiques et sociales (ES) ont été ainsi jumelées de 1998 à 2000. Des cars conduisaient les lycéens d’un établissement à l’autre. Les lycéens du 16e allaient bien volontiers à Goussainville, mais les élèves de Goussainville éprouvaient un certain malaise à se rendre à Janson de Sailly. De plus, les élèves de la commune de banlieue populaire se faisaient traiter de « sales bourges » par leurs condisciples lorsqu’ils rentraient des journées passées avec les élèves de Janson-de-Sailly. Cette hostilité, redoublant le malaise inhérent à un tel déplacement géographique et social, a conduit à l’abandon d’une expérience pleine pourtant des meilleures intentions.

La coupure entre Paris et sa banlieue

  • Michel Pinçon : Paris est un cas assez original par rapport aux autres capitales européennes. L’espace urbain comporte des frontières bien marquées, correspondant aux anciennes fortifications de Thiers construites entre 1841 et 1844, avec les boulevards des Maréchaux, les barres de logement HBM-HLM, les stades, le Parc des expositions de la porte de Versailles, la Cité universitaire du boulevard Jourdan, etc. Enfin, le Périphérique trace une limite très nette. Dès que l’on regarde un plan de Paris, cette forme d’anneau se dessine clairement. Les circulations se font, les gens entrent et sortent. En train, en métro ou en RER, il n’y pas réellement d’obstacle dû aux fortifications. En voiture, c’est parfois plus difficile mais on « passe les portes ». Cette appellation provient des portes qui perçaient les anciennes fortifications. Pour se rendre à leur travail, environ un million de banlieusards les traversent quotidiennement.
    Ces limites de Paris sont très marquées. Elles sont physiques et se perçoivent ! Elles sont également dans les têtes, dans l’imaginaire social des citadins. « Parisien » et « banlieusard » se distinguent. Même si seulement 31% des parisiens sont nés dans la capitale, au-delà du Périphérique, un « vrai Parisien » se trouve souvent désorienté. Cette différence est d’autant plus forte que Paris est une « petite » ville, avec environ deux millions d’habitants pour dix millions en région parisienne. Un habitant sur cinq est donc strictement parisien dans la grande agglomération de Paris. De plus, seule une minorité vit dans un « noyau » de très forte densité avec des variations selon les arrondissements. Certains quartiers du 11e ou du 18e arrondissement frôlent les 1000 habitants à l’hectare. Londres (Inner London) a une surface de 321 Km2, Madrid atteint le chiffre de 607 Km2 et Moscou 879 Km2. Avec ses 87 Km2, et au mieux 105 en comptant les bois de Boulogne et de Vincennes, Paris est une petite capitale. Les densités y sont donc exceptionnelles : 202 à l’hectare en 1999, 244 sans les bois. La population parisienne ayant diminué, les chiffres étaient un peu plus élevés en 1982, respectivement 207 et 250 habitants à l’hectare, alors qu’à la même date les densités étaient de 76 habitants à Londres et de 96 à Moscou. Par rapport à Londres, Tokyo ou Moscou, où les densités sont assez uniformément réparties, la ville de Paris constitue un noyau très dense autour duquel les communes de banlieue présentent un peuplement plus diffus. New York, avec les densités résidentielles élevées de Manhattan (242 habitants à l’hectare), présente une configuration semblable.
  • Monique Pinçon-Charlot : Il faut évidemment préciser que ce n’est pas la même chose d’être « banlieusard à l’Est » ou « banlieusard à Neuilly ». Si l’on observe le Périphérique, on remarque des différences aux portes de Paris. Traverser la porte de La Chapelle à pied est une aventure. On peut éventuellement se reposer dans le plus petit square qu’il ne m’a jamais été donné de voir, avec trois bancs, trois arbres, sous l’échangeur, dans un décor absolument hallucinant. Porte Maillot, d’un côté vous voyez très bien Neuilly, de l’autre l’Arc de Triomphe avec l’avenue de la Grande Armée. Il existe une parfaite fluidité urbaine, sociale et immobilière. Les habitants de Neuilly se considèrent dans un « 21e arrondissement ». A Saint-Ouen, par exemple, on ne se pense pas dans le 22e arrondissement de Paris, tellement la coupure est forte.

Une « politique de la ville » ?

  • Q : La mixité sociale correspond à des mixités de programmes immobiliers. Dans des quartiers populaires s’installent de nouveaux programmes de construction. Paris est en pleine migration. L’Est est en pleine mutation. Dans le quartier de Tolbiac, des programmes mixtes prévoient à la fois des bureaux et des programmes immobiliers assez somptueux qui valorisent le terrain et des programmes sociaux. Se pose le problème du coût du terrain. Quand de grands organismes, comme la SNCF, vendent des terrains, la ville a certaines possibilités. On a eu des axes importants comme le canal de l’Ourcq, les vieilles halles de Bercy… La politique de la ville peut se manifester en façonnant la ville au moment des reconstructions.
  • Q : Peux-t-on penser une politique de la ville coupée d’une politique de l’emploi ? Le soutien aux associations par exemple joue un rôle de pompier du social dans certains quartiers, mais il est coupé du travail. Dans le 20e arrondissement, on trouvait beaucoup d’ateliers et les ouvriers habitaient sur place. On ne reviendra pas à l’ancien temps où existait une grande proximité entre le lieu de travail et l’habitat, mais le risque est de voir se développer ce qui se passe dans beaucoup de villes de diverses tailles : les centres-villes sont devenus des vitrines ou un vaste musée. Le centre de Paris est de ce point de vue caricatural. On trouve des tas de cartes postales montrant le Paris d’autrefois avec ce mélange de la bohême, des intellectuels et d’un petit peuple qui habitait encore le quartier latin en 68, alors que tout cela a disparu.
  • Michel Pinçon : Il est vrai que la valeur des terrains est à prendre en compte pour la construction de logements sociaux. Le coût du terrain réduit les possibilités dans un cadre financier limité par un plafond. Dans les années 60, on débattait d’une « solution » qui était la municipalisation des sols. Dans les réserves foncières de la SNCF ou de Gaz de France, il y aurait sans doute des possibilités de municipalisation des sols. Ce qui permettrait aux municipalités de faire du « portage », c’est-à-dire d’acquérir à un faible coût des terrains pour ensuite les céder aux offices de logements sociaux.
    À propos de la politique de l’emploi, on peut encore trouver par exemple dans une zone très résidentielle comme celle de la rue de Buci (dans le 6e) des activités diverses comme l’édition, les commerces, les cinémas… Le tissu urbain a conservé une mixité vivante. Inversement, dans les banlieues les plus difficiles, on constate que les fonctions de résidence, d’activités et de loisirs ont été malheureusement déconnectées. Il faudrait mettre en œuvre les moyens de (re)créer -de manière volontariste- une multi activité urbaine (re)nouant l’habitat, les activités professionnelles et les loisirs. La rue est en fait un livre ouvert où chacun perçoit les proximités, les différences, les distances, les inégalités. Paris indique à ses habitants, à ceux qui viennent y travailler et à ses visiteurs où ils se situent dans l’espace social. La vie parisienne est le produit toujours recommencé de l’interaction entre le social objectivé dans la ville et celui présent dans les agents sociaux. La société est toujours là, dans les moindres recoins de la ville et dans les moindres replis du corps. Les Parisiens sont formés par leur ville, qu’ils y soient nés ou non, et ils la construisent sans fin.

(*) Cette lettre rend compte d’un mardi de Politique Autrement qui s’est tenu le 13 décembre 2005 avec Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, auteurs de Sociologie de Paris, La Découverte, Coll. Repères N° 400, 2004 et de Paris mosaïque. Promenades urbaines, Calmann-Lévy, 2001.

Notes
[1] On peut définir ce processus comme « un phénomène à la fois physique, social et culturel en œuvre dans les quartiers populaires, dans lequel une réhabilitation physique des immeubles dégradés accompagne le remplacement des ouvriers par des couches moyennes. »
In : J.-P. Lévy, article « Gentrification », Dictionnaire de l’habitat et du logement, Armand Colin, 2002.

[2] Cf. J.-C. Chamboredon – M. Lemaire, « Proximité spatiale et distance sociale » in Revue française de sociologie, XI-1, janvier-mars 1970.

[3] En Île-de-France, 186 communes sont concernées par la loi S.R.U. dont 63 font l’objet « d’arrêtés de constat de carence » dressés par les préfets. Sous la pression de la majorité parlementaire, l’Assemblée nationale a adopté, le 26 janvier 2006, un amendement qui modifie en profondeur l’article 55 de cette loi de décembre 2000. Celui-ci assimile à des logements sociaux les habitations vendues ou construites « dans le cadre d’opérations d’accession sociale à la propriété ». Ainsi, les HLM cédées à leurs locataires ou les maisons neuves acquises grâce à un prêt à taux zéro pourront être comptabilisées dans le quota des 20%.