« On peut soutenir, avec preuves à l’appui, qu’il est plus mauvais pour les enfants de vivre dans un foyer désuni dont ils subissent les tensions sourdes ou exprimées, que de grandir en paix avec un seul des parents. Mais on n’a pas le droit d’affirmer qu’ils sont mieux dans un foyer brisé que dans un foyer normal. « « Il est essentiel pour l’enfant d’apprendre à appartenir pleinement à son sexe et à lier des rapports harmonieux avec le sexe opposé. L’apprentissage ne va pas tout seul. Pour qu’il prenne corps la présence permanente du père et de la mère est indispensable. Si l’enfant doit apprendre à tenir un bébé dans ses bras, il faut qu’il l’ait lui-même tenu et s’il doit savoir comment un membre de l’autre sexe tient un enfant, il faut qu’il ait été tenu, lui, par le père et par la mère. Il faut qu’il ait vu ses parents affronter ses instincts naissants, discipliner et adapter leurs propres instincts pour assurer sa protection. Au moment de l’adolescence, il faut qu’ils lui donnent toute la liberté d’aller à la découverte du monde. En règle idéale, ils devraient assister tous deux à son mariage pour bénir, guider, aider l’enfant à assumer son rôle de parent en lui montrant comment eux assument celui de grands-parents. C’est ainsi qu’on arrive à la maturité chez les hommes et jusqu’ici il ne semble pas qu’on ait pu faire mieux. » Margaret MEAD, L’un et l’autre sexe. Le rôle de l’homme et de la femme dans la société, (1948), Denoël-Gonthier, 1966, p. 322.