« L’ingéniosité déployée pour uniformiser les aptitudes d’individus possédant des dons différents permet d’accroître considérablement le nombre des individus extérieurement comparables dans leur fonctionnement social, mais tend à proscrire les différences subjectives qui pourraient, elles aussi, contribuer à enrichir la civilisation.. […]
Lorsqu’on se pose à bon droit ces questions capitales sur les similitudes et les différences, les points faibles et les handicaps de l’un et l’autre sexe, il faut aussi demander : quelle richesse recèle la différence des sexes ? Si l’homme, parce qu’il est homme, a plus de peine que la femme à oublier les soudaines exigences de son sexe, quel avantage ces impulsions lui valent-elles ? Si le garçon doit très tôt découvrir et admettre l’idée qu’il ne pourra jamais procréer un enfant avec la certitude et l’évidence qui sont l’apanage de la femme — dans quelle mesure cette épreuve le rend-elle plus ambitieux et créateur sur un autre plan et plus soucieux de la réussite ? Si de son côté la petite fille connaît un rythme de croissance qui ne lui permet pas de prendre aussi précocement conscience de son propre sexe et si cette incertitude initiale provoque une petite poussée d’aspiration compensatrice, presque toujours condamnée à s’effacer devant la certitude de la maternité, il est probable que l’ambition de la fillette s’en trouve atténuée. Mais quelles ressources en retire-t-elle ? Si nous explorons méthodiquement les restrictions et les avantages résultant de l’existence des deux sexes, des différences qui les séparent, des limites inférieures ou supérieures de leurs possibilités, il se peut que nous en soyons récompensés par des découvertes du plus grand intérêt sur la vraie place de chaque sexe dans notre monde en pleine transformation. Bien plus : nous contribuerons à faire admettre que, pour tout ce qui touche aux êtres humains, il convient de se préoccuper non seulement de leurs servitudes, non seulement de leurs aspirations et de leurs aptitudes mais du tout à la fois. Nous accroîtrons ainsi notre confiance en une humanité plus achevée, enracinée dans une ascendance biologique qu’il nous est interdit de mépriser, mais capable aussi de s’élever à des hauteurs dont chaque génération ne peut entrevoir que la prochaine étape. » Margaret MEAD, L’un et l’autre sexe. Le rôle de l’homme et de la femme dans la société, (1948), Denoël-Gonthier, 1966, p. 25-26.
Lorsqu’on se pose à bon droit ces questions capitales sur les similitudes et les différences, les points faibles et les handicaps de l’un et l’autre sexe, il faut aussi demander : quelle richesse recèle la différence des sexes ? Si l’homme, parce qu’il est homme, a plus de peine que la femme à oublier les soudaines exigences de son sexe, quel avantage ces impulsions lui valent-elles ? Si le garçon doit très tôt découvrir et admettre l’idée qu’il ne pourra jamais procréer un enfant avec la certitude et l’évidence qui sont l’apanage de la femme — dans quelle mesure cette épreuve le rend-elle plus ambitieux et créateur sur un autre plan et plus soucieux de la réussite ? Si de son côté la petite fille connaît un rythme de croissance qui ne lui permet pas de prendre aussi précocement conscience de son propre sexe et si cette incertitude initiale provoque une petite poussée d’aspiration compensatrice, presque toujours condamnée à s’effacer devant la certitude de la maternité, il est probable que l’ambition de la fillette s’en trouve atténuée. Mais quelles ressources en retire-t-elle ? Si nous explorons méthodiquement les restrictions et les avantages résultant de l’existence des deux sexes, des différences qui les séparent, des limites inférieures ou supérieures de leurs possibilités, il se peut que nous en soyons récompensés par des découvertes du plus grand intérêt sur la vraie place de chaque sexe dans notre monde en pleine transformation. Bien plus : nous contribuerons à faire admettre que, pour tout ce qui touche aux êtres humains, il convient de se préoccuper non seulement de leurs servitudes, non seulement de leurs aspirations et de leurs aptitudes mais du tout à la fois. Nous accroîtrons ainsi notre confiance en une humanité plus achevée, enracinée dans une ascendance biologique qu’il nous est interdit de mépriser, mais capable aussi de s’élever à des hauteurs dont chaque génération ne peut entrevoir que la prochaine étape. » Margaret MEAD, L’un et l’autre sexe. Le rôle de l’homme et de la femme dans la société, (1948), Denoël-Gonthier, 1966, p. 25-26.