« Un assujettissement peut être plus ou moins sensible. Certes, on le perçoit quand on entend des discours tombant impunément d’en haut qui prononcent la sélection aux dépens des moins favorisés. Mais l’aliénation peut être plus subtile, moins visible, plus rusée, lorsqu’elle passe par des discours pseudo-émancipateurs, qui font croire que l’ouverture sur le monde extérieur, selon la formule à la mode, que l’enseignement vivant, l’apprentissage naturel, la bonne communication sont les vrais moyens de l’éducation, alors que c’est seulement là où il y a repères symboliques, différence non dissimulée des places, possibilité d’identification — au maître, au père, mais aussi à l’institution — et, du même coup, possibilité d’opposition et de critique, que l’éducation peut prendre son plein sens. » Claude LEFORT, « Formation et autorité : l’éducation humaniste », Écrire à l’épreuve du politique, Calmann-Lévy, 1992, p. 225.