L’engagement et le militantisme sont associés aux idées de dévouement, de sacrifice, de lutte pour un idéal, une cause, ou pour le service des autres ; ils sont inséparables de rapports collectifs et supposent l’implication dans les désordres du monde. Dans les conflits et les drames du XXe siècle, ils se sont confrontés au tragique de l’histoire et certains d’entre eux ont été marqués par l’idéologie et le fanatisme. En ce sens, ils renvoient à des parcours de vie marqués par des épreuves qui peuvent être riches d’enseignements, pourvu qu’on sache en tirer les leçons.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Les nouvelles générations ont été élevées et éduquées dans une nouvelle situation historique marquée par la fin des grandes idéologies passées, une pacification des rapports sociaux et la fin des guerres sur le sol européen. Les partis politiques, comme les syndicats et les associations, se trouvent aujourd’hui confrontés à des mentalités nouvelles qui semblent rompre avec le passé. Dans nombre de collectifs politiques, syndicaux ou associatifs, les nouveaux adhérents sont présents dans une optique plus individualiste et éphémère ; le professionnel a remplacé le bénévole et beaucoup d’associations ne vivraient pas sans les aides de l’État et des collectivités territoriales. Cela ne signifie pas que la générosité et le militantisme sont devenus obsolètes mais que ceux-ci coexistent avec une nouvelle mentalité dont le rapport au collectif et à l’histoire ne va plus de soi.

Pour mieux comprendre cette évolution, il importe à la fois : 
– de mieux cerner les changements sociaux et culturels qui sont venus mettre en question un ancien mode d’engagement idéologique et sacrificiel ;
– de confronter l’ancien et le nouveau au travers de parcours de vie qui, à gauche comme à droite, sont riches d’expériences et de formation personnelle.

Le séminaire 2012 de Politique Autrement se propose de prendre en compte ces deux thèmes en alternant l’étude de récits, de témoignages sous forme de textes et de vidéos, et la rencontre avec des militants et des hommes engagés, de différentes générations. Ce séminaire ne prétend pas dresser un constat ou une typologie des types d’engagements existant aujourd’hui, mais aider à mieux comprendre, dans un esprit d’éducation populaire, la genèse et les raisons qui ont amené la crise des anciens modes d’engagement et de militantisme, et explorer leurs nouvelles modalités en s’interrogeant sur la nature des changements.

Séances

Samedi 14 janvier : « La fin des militants ? De la civilisation des loisirs à la crise des années 70 »
Cette première séance sera consacrée à l’étude de trois moments importants de la seconde moitié du XXe siècle qui ont remis en cause la figure traditionnelle du militant et de l’organisation : l’avènement de ce qu’on a appelé la « civilisation des loisirs » au tournant des années 50 et 60 ; la révolte de la jeunesse en mai 68 ; la naissance du féminisme et de l’écologie dans les années 70. Quelles ont été les idées et les mentalités nouvelles portées par ces événements et ces courants ? Pourquoi et comment ont-ils remis en cause les anciens modes d’engagement ? Sur quel nouveau militantisme ont-ils débouché ? Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?

Samedi 4 février : « Portée, limites et ambiguïtés de l’engagement humanitaire. Parcours de vie et leçons de deux générations » 
L’humanitaire donne des réponses limitées mais concrètes à des situations de détresse ; il constitue un engagement qui attire les jeunes générations et semble aujourd’hui consensuel. Comment est-il né ? Quelles contradictions et quelles évolutions a-t-il connu ? Peut-il se passer d’une réflexion politique ? Ces questions seront abordées à partir des parcours et des expériences de deux générations : celle de Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières, et celle de Guillaume Kopp, ancien Chef de mission au Sri Lanka et en Centre Afrique, ancien responsable du Réseau national d’associations (Droit de Cité).

Samedi 10 mars : « L’engagement communiste au XXe siècle : militantisme, fanatisme et tragédie »
L’engagement communiste tel qu’il a prévalu au XXe siècle peut-il encore être compris par les nouvelles générations ? L’élan idéaliste qui a prévalu chez de nombreux militants a nourri une utopie et un système qui ont broyé les hommes au nom d’une certaine idée du bien de l’humanité. Comment comprendre cette ambiguïté et la perversion de cette idée ? Cette séance sera consacrée à l’étude de textes de témoignages de responsables et de militants communistes qui se sont mis au service du parti communiste, se sont sacrifiés pour lui du temps de la Résistance et de la guerre froide, avant de le quitter ou d’en être exclus. Comment ont-ils vécu ce parcours et ces déchirements ? Quelles leçons peuvent en être tirées ?

Samedi 5 mai : « L’engagement militaire : quelles évolutions du rapport à la guerre et de la figure du héros ? Regards croisés de deux officiers, engagés volontaires »

Le combattant ne bénéficie plus aujourd’hui de la même reconnaissance publique que par le passé, tout particulièrement chez les jeunes générations élevées et éduquées dans une société qui tend à « valoriser le statut de victime et marginalise le geste héroïque », pour qui la nation et le rapport à l’histoire du pays sont devenus problématiques. Alors que l’opinion dans les démocraties ne comprend plus ce qu’est la guerre et ne veut plus que meurent les soldats, quel sens les militaires donnent-ils à leur engagement ? Avec André Thiéblemont (colonel er) engagé en 1958 et le lieutenant-colonel Pierre Hervé, sorti de Saint-Cyr en 1996, ayant effectué un séjour en Afghanistan, actuellement collaborateur du Major général de l’Armée de terre.

Les séances ont lieu le samedi après-midi de 14 h 30 à 17 h 30