Quelle évolution des mœurs dans les sociétés démocratiques ?

2. Civilisation : quel rapport à la sexualité, à la filiation, à la mort ?

Dans les débats actuels sur les mœurs, les allusions rapides aux évolutions peuvent tenir lieu d’arguments et servir à légitimer un relativisme qui fait fi d’une réflexion sur les conceptions anthropologiques qui sont en jeu. Certaines tendances de la société actuelle poussent à l’extrême ce relativisme : pourquoi ne pas répondre aux demandes individuelles et sociales multiples, du moment qu’elles sont sincères et manifestent de bons sentiments ? 
En dehors des modes et de l’air du temps, la réflexion entamée l’an dernier sur l’évolution des mœurs nous a permis de commencer à cerner les différentes conceptions qu’elle mettait en jeu. Cette année, le séminaire se propose d’approfondir la réflexion en procédant à la lecture de textes classiques et fondamentaux sur les questions de la sexualité, de la filiation, de la mort. 
Plutôt que de partir des problèmes liés aux évolutions, il s’agit d’opérer un détour théorique en procédant à l’étude de textes qui nous paraissent indispensables pour aborder ces questions. Dans cette perspective, nous proposons d’étudier l’interprétation freudienne de Malaise dans la civilisation ; la notion de transgression de Georges Bataille ; l’interprétation éthique de la sexualité de Paul Ricœur ; la notion de filiation et de transmission chez Pierre Legendre ; le rapport à la vieillesse et à la mort chez les stoïciens de l’Antiquité et dans la conception chrétienne. 
Les extraits de textes à lire et à étudier sont volontairement limités à deux ou trois pour chaque séance. Dans un esprit d’éducation populaire, il s’agit de se confronter directement aux textes choisis en soulignant les idées-forces des conceptions étudiées et les questions posées. De courts exposés apporteront les éléments de connaissance nécessaires à la compréhension. Les questions soulevées par ces textes donneront ensuite lieu à discussion. Nous ne prétendons pas être exhaustifs et répondre à toutes les questions, mais aider à mieux appréhender les enjeux anthropologiques de l’évolution des mœurs dans les société démocratiques.

PROGRAMME –SEANCES

Samedi 24 janvier : Malaise dans la civilisation 
L’interprétation de Freud implique une conception de l’homme et de la civilisation a contrario d’un certain angélisme. Quelles sont les idées-forces de cette interprétation ? Qu’en est-il aujourd’hui du « sur-moi » et du sentiment de culpabilité étroitement liés à l’idée même d’éthique et de civilisation ?

Samedi 7 mars : Sexualité, interdit et transgression
Longtemps considéré comme un auteur maudit, Georges Bataille aborde les thèmes de l’interdit et de la transgression et pose à sa façon la question d’une part sauvage irréductible. Le texte de Paul Ricœur : « Sexualité, la merveille, l’errance, l’énigme » interroge la difficile ou l’impossible réconciliation de l’érotisme et de l’institution du mariage. La confrontation de ces conceptions ouvre les questions : Quels ont été les effets de l’introduction de l’érotisme dans la culture contemporaine ? Quelle signification peut avoir la transgression dans une société devenue permissive ?

Samedi 4 avril : La filiation en question 
À l’inverse de l’idée d’une auto-fondation, la filiation inscrit l’individu dans un ordre généalogique préétabli par un cadre juridique. L’interprétation de Pierre Legendre du principe généalogique constitutif de l’humanité interroge de façon critique la psychologisation et le sentimentalisme contemporains.

Samedi 16 mai : Quel rapport à la vieillesse et à la mort ? 
Les textes de Cicéron sur la vieillesse et la mort exposent une sagesse stoïcienne qui mérite d’être comparée aux angoisses de l’homme contemporain.
Les textes de Paul Ricœur (« Vivant jusqu’à la mort »), de Paul-Louis Landsberg (« L’expérience de la mort de l’autre »), qu’on soit ou non croyant, développent une réflexion chrétienne qui est au cœur de notre tradition.